Стихи в переводе на французский язык - Иван Алексеевич Бунин
Le jour d’hiver, morose, s’éteint;
Et des pinèdes s’en vont dans l’ombre
Sans fin et des villages sont loin.
Au-dessus des neiges du désert pâle,
Comme, chez quelqu’un, un doux chagrin,
Seul, le brouillard d’un bleu opale
Allège ce nébuleux lointain.
Chute des feuilles
Comme un château tout bariolé,
Le bois est peint de couleurs claires:
Lilas, dorées. Il peut sembler
Au mur autour de la clairière.
Partout, l’azur pur est percé
Par les feuilles jaunes des bouleaux et,
Comme des tours, les sapins se tiennent
Parmi les érables et les chênes.
On voit dans le feuillage troué
Les éclaircies du ciel limpide
Et le bois sent le pin séché
Au soleil. Comme un veuf timide,
L’automne doux entre après l’été
Dans son château tout bagarré.
Ce jour-là, sur une clairière vide,
Comme au milieu d'une large cour,
Brillent des toiles d'araignée splendides,
Comme de l'argent. Et tout ce jour,
Un papillon, dans la cour, danse
Et, comme un petit pétale blanc,
Après ses jeux gais, sans mouvement,
Se tient sur une toile en silence,
Chauffé par la chaleur solaire;
Ce jour-là, il fait tellement clair,
Et le silence va se répandre
Sur tout le bois et le ciel bleu
Et dans ce grand règne silencieux,
Le bruit d’une feuille se fait entendre.
Comme un château tout bariolé,
Le bois est peint de couleurs claires:
Il est autour de la clairière,
Ce grand silence l’a fasciné;
En s’envolant, un merle glousse
Parmi des germes qui y poussent,
Des feuilles versent une lueur ambrée
Et dans le ciel, on voit danser
Des étourneaux. Mais une brise douce,
Encore une fois, va tout calmer.
Oh, quel bonheur et ses dernières
Minutes! L'automne est seul qui sait
Qu’à cause du grand silence muet
Il fait mauvais dans l’atmosphère.
Le bois est toujours silencieux,
Etrange, quand le soleil se couche
Et l’éclat pourpre et doré touche
Le château qui brille comme en feu.
Ensuite, la nuit tombe d’un air sombre.
La lune se lève et, dans le bois,
Des ombres glissent… Il fait froid
Et il devient clair en pénombre
Sur les clairières, dans les fourrés
Du bois. Et même l'automne se montre
Dans la nuit comme d’effroi glacé
Dans ce silence inhabité.
Il est tout autre, ce silence:
Écoute-le, il devient plus grand,
La lune pâle se lève lentement,
Terrible dans le ciel immense.
Elle fait plus courtes toutes les ombres,
Jette sur le bois un voile brumeux,
Elle lance droit des regards sombres
De la hauteur du ciel aux yeux.
Sommeil profond de la pénombre!
Moment, dans la nuit, mystérieux!
Dans l’argent d’un brouillard humide,
La clairière est brillante et vide.
Le bois est inondé de blanc,
Comme si sa mort que sans mouvement,
Il sent, est proche. Même une hulotte
Reste immobile, et elle se tait,
Regarde des branches d’un air niais,
Rare est son ululation sotte.
Soudain, elle vole du haut en bruit,
En agitant ses grandes ailes molles,
Elle s'assied sur les buissons, puis,
Elle tourne la tête, comme une folle,
Sur les côtés, avec les yeux
Tout ronds comme d’une grande surprise;
Le bois est transi de sa prise
Par un obscur souffle brumeux,
Les feuilles sont humides, comme s’il pleut…
À l’aube, il ne faut pas attendre
Que le soleil soit dans le ciel.
Le bois froid est plein de brume tendre
Après telle nuit avec du gel!
Profondément, l'automne se cache
Ce qu'il a eu cette nuit, et telle
Est sa grande solitude qu’il tâche
De s’enfermer dans son château.
Que la pluie fasse rage aux fourrés!
Que les nuits soient pluvieuses et sombres!
Que les yeux des loups brillent dans l’ombre
D’un feu vert aux bois, sur les prés!
Le bois est, comme sans surveillance,
Un château noir et tout déteint,
Et le septembre fait sa danse,
Il lui enlève le toit. Enfin,
Il couvre l'entrée de feuilles mortes
Et des gelées précoces qu’il porte
Commencent à fondre, en tuant tout…
Loin dans les champs vides, des cors sonnent,
Et on entend leur chant partout
Comme un cri triste et monotone
Aux champs où règne le froid de loup.
Le bruit des arbres dans la plaine
Se perd très loin au fond des bois,
Un cor de Turin, hurlant, mène
Les chiens de chasse vers leur proie,
Le chahut des chiens qui aboient
Sonne comme une tempête qu’on déchaîne.
Il pleut, il fait froid, comme s’il gèle,
Des feuilles jaunes tombent sur les clairières,
Et au-dessus du bois, les dernières
Oies battent, en s’envolant, des ailes.
Les jours passent. Des fumées fragiles
Se lèvent debout chaque matinée.
Le bois est pourpe et immobile,
Le sol givré semble argenté.
Et dans son beau manteau d’hermine,
Avec un pâle visage lavé,
Quand son dernier jour le fascine,
L'Automne sort par la porte d’entrée.
La cour froide est vide. De la porte,
Parmi deux trembles desséchés,
Loin, il voit le bleu des vallées
Et le désert d’une tourbière morte.
Il en voit la route vers le Sud:
Là, se sauvant de l’hiver rude,
Du froid, de la neige, des tempêtes,
Dès le matin, l'Automne se jette;
Suivant les oiseaux, il ira
Au Sud, par son chemin solitaire,
Et, dans le bois vide, il quittera
Son beau château sur la clairière.
Pardon, cher bois! Pardon, adieu!
Le jour sera doux. La nouvelle
Neige va argenter, blanche et belle,
Des champs déserts et silencieux.
Ce jour, le bois vide est bizarre
Comme un château tout en blanc froid
Qui ce jour-là partout, s’empare
Des villages calmes sur les toits,
Et du ciel bleu où, sans frontières,
Les champs vides sans fin disparaissent!
Des zibelines, des martres se laissent
Jouer sur les prés aux congères!
Elles vont courir et gambader
Sur la neige douce pour se chauffer!
Et là, comme si un sorcier danse,
Les vents s’engouffrent dans le bois,
Venus de l'océan immense
Avec la neige de la Toundra.
Ils hurlent comme une bête sauvage,
Détruisent le vieux château en rage,
Et il n’en reste que des pieux.
Sur ce squelette défectueux,
Ils accrocheront des gelées blanches,
Et des palais, sous le ciel bleu,
Brilleront d’argent, parmi les branches,
Et de cristaux miraculeux.
La nuit, ces beaux dessins blancs restent
Et les feux brillent des voûtes célestes.
À cette heure calme, les Pléiades
Lancent du haut la lumière glaciale.
Cet incendie, dans la nuit froide,
Allume les aurores boréales.
***
Pas de soleil, mais les étangs
Sont clairs comme de grands miroirs lisses
Et les bassins d’eau, sans mouvement,
Paraissent vides mais les reflets glissent
De beaux jardins comme là-dedans.
Une goutte, tout comme la tête d’un clou,
Tombe et des aiguilles, par centaines,
Sillonnent sur les étangs. Partout
La pluie brillante saute sur la plaine,
Fait du bruit au jardin surtout.
Le vent mêle des plantes quand il pleut,
Jouant avec des feuilles tremblantes.
Les rayons solaires mettent du feu
À des étincelles frémissantes
En remplissant des mares de bleu.
Voilà l’arc-en-ciel… On est gai
Qu’on y vive et qu’on réfléchisse
Au ciel et aux blés qui mûrissent,
Au petit bonheur pour l’apprécier.
On est gai de rôder nue-tête
Et de voir des enfants répandre
Le sable d’or dans