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Simenon, Georges - Le chien jaune

Читать бесплатно Simenon, Georges - Le chien jaune. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. Так же читаем полные версии (весь текст) онлайн без регистрации и SMS на сайте kniga-online.club или прочесть краткое содержание, предисловие (аннотацию), описание и ознакомиться с отзывами (комментариями) о произведении.
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— Ils s’en vont ensemble…

— Oui…

— Ils se feront prendre.

Le groseillier du jardin trembla. Puis une forme fut hissée au sommet du mur. Emma se trouva dans l’impasse, attendit son amant.

— Tu vas les suivre, de loin… Surtout qu’à aucun moment ils ne t’aperçoivent !… Tu me donneras des nouvelles quand tu pourras…

Comme le vagabond l’avait fait pour sa compagne, Maigret aidait l’inspecteur à se hisser le long des ardoises jusqu’à la lucarne. Puis il se penchait pour regarder l’impasse, où les deux personnages n’étaient plus que des têtes.

Ils hésitaient. Ils chuchotaient. Ce fut la fille de salle qui entraîna l’homme vers une sorte de remise dans laquelle ils disparurent, car la porte n’était fermée que par un loquet.

C’était la remise du marchand de cordages. Elle communiquait avec le magasin, où, à cette heure, il n’y avait personne. Une serrure à forcer et le couple atteindrait le quai.

Mais Leroy y serait avant lui.

Dès qu’il eut descendu l’échelle du grenier, le commissaire comprit qu’il se passait quelque chose d’anormal. Il entendait une rumeur dans l’hôtel. En bas, le téléphone fonctionnait au milieu des éclats de voix.

Y compris la voix de Leroy, qui devait parler à l’appareil, car il élevait considérablement le ton.

Maigret dégringola l’escalier, arriva au rez-de-chaussée, se heurta à un journaliste.

— Eh bien ?…

— Un nouveau meurtre… Il y a un quart d’heure… En ville… Le blessé a été transporté à la pharmacie…

Le commissaire se précipita d’abord sur le quai, vit un gendarme qui courait en brandissant son revolver. Rarement le ciel avait été aussi noir. Maigret rejoignit l’homme.

— Que se passe-t-il ?…

— Un couple qui vient de sortir du magasin… Je faisais les cent pas en face… L’homme m’est presque tombé dans les bras… Ce n’est plus la peine de courir… Ils doivent être loin !…

— Expliquez !

— J’entendais du bruit dans la boutique, où il n’y avait pas de lumière… Je guettais, l’arme au poing… La porte s’est ouverte… Un type est sorti… Mais je n’ai pas eu le temps de le mettre en joue… Il m’a donné un tel coup de poing au visage que j’ai roulé par terre… J’ai lâché mon revolver… Je n’avais qu’une peur, c’est qu’il s’en saisît… Mais non !… Il est allé chercher une femme qui attendait sur le seuil… Elle ne pouvait pas courir… Il l’a prise dans ses bras… Le temps de me relever, commissaire… Un coup de poing comme celui-là… Voyez !… Je saigne… Ils ont longé le quai… Ils ont dû faire le tour du bassin… Par là, il y a des tas de petites rues, puis la campagne…

Le gendarme se tamponnait le nez de son mouchoir.

— Il aurait pu me tuer tout comme !… Son poing est un marteau…

On entendait toujours des éclats de voix du côté de l’hôtel, dont les fenêtres étaient éclairées. Maigret quitta le gendarme, tourna l’angle, vit la pharmacie, dont les volets étaient clos, mais dont la porte ouverte laissait échapper un flot de lumière.

Une vingtaine de personnes formaient grappe devant cette porte. Le commissaire les écarta à coups de coude.

Dans l’officine, un homme étendu à même le sol poussait des gémissements rythmés en fixant le plafond.

La femme du pharmacien, en chemise de nuit, faisait plus de bruit à elle seule que tout le monde réuni.

Et le pharmacien lui-même, qui avait passé un veston sur son pyjama, s’affolait, remuait des fioles, déchirait de grands paquets de coton hydrophile.

— Qui est-ce ? questionna Maigret.

Il n’attendit pas la réponse, car il avait reconnu l’uniforme de douanier, dont on avait lacéré une jambe du pantalon. Et maintenant il reconnaissait le visage.

C’était le douanier qui, le vendredi précédent, était de garde dans le port et avait assisté de loin au drame dont Mostaguen avait été victime.

Un docteur arrivait, affairé, regardait le blessé, puis Maigret, s’écriait :

— Qu’est-ce qu’il y a encore ?…

Un peu de sang coulait par terre. Le pharmacien avait lavé la jambe du douanier à l’eau oxygénée, qui formait des traînées de mousse rose.

Un homme racontait, dehors, peut-être pour la dixième fois, d’une voix qui n’en restait pas moins haletante :

— J’étais couché avec ma femme quand j’ai entendu un bruit qui ressemblait à un coup de feu, puis un cri… Puis plus rien, peut-être pendant cinq minutes !… Je n’osais pas me rendormir… Ma femme voulait que j’aille voir… Alors on a perçu des gémissements qui avaient l’air de venir du trottoir, tout contre notre porte… Je l’ai ouverte… J’étais armé… J’ai vu une forme sombre… J’ai reconnu l’uniforme… Je me suis mis à crier, pour éveiller les voisins, et le marchand de fruits, qui a une auto, m’a aidé à amener le blessé ici…

— A quelle heure le coup de feu a-t-il éclaté ?…

— Il y a juste une demi-heure…

C’est-à-dire au moment le plus émouvant de la scène entre Emma et l’homme aux empreintes !…

— Où habitez-vous ?…

— Je suis le voilier… Vous êtes passé dix fois devant chez moi… A droite du port… Plus loin que la halle aux poissons… Ma maison fait l’angle du quai et d’une petite rue… Après, les constructions s’espacent et il n’y a plus guère que des villas…

Quatre hommes transportaient le blessé dans une pièce du fond, où ils l’étendaient sur un canapé. Le docteur donnait des ordres. On entendait dehors la voix du maire qui questionnait :

— Le commissaire est ici ?…

Maigret alla au-devant de lui, les deux mains dans les poches.

— Vous avouerez, commissaire…

Mais le regard de son interlocuteur était si froid que le maire perdit un instant contenance.

— C’est notre homme qui a fait le coup, n’est-ce pas ?

— Non !

— Qu’en savez-vous ?…

— Je le sais parce que, au moment où le crime a été commis, je le voyais à peu près aussi bien que je vous vois…

— Et vous ne l’avez pas arrêté ?

— Non !

— On me parle aussi d’un gendarme assailli…

— C’est exact.

— Vous rendez-vous compte des répercussions que de pareils drames peuvent avoir ?… Enfin ! C’est depuis que vous êtes ici que…

Maigret décrochait le récepteur du téléphone.

— Donnez-moi la gendarmerie, mademoiselle… Oui… Merci… Allô ! la gendarmerie ?… C’est le brigadier lui-même ?… Allô ! Ici, le commissaire Maigret… Le docteur Michoux est toujours là, bien entendu ?… Vous dites ?… Oui, allez vous en assurer quand même… Comment ?… Il y a un homme de garde dans la cour ?… Très bien… J’attends.

— Vous croyez que c’est le docteur qui…

— Rien du tout ! Je ne crois jamais rien, monsieur le maire !… Allô !… Oui… Il n’a pas bougé ?… Merci… Vous dites qu’il dort ? Très bien… Allô ! Non ! Rien de spécial…

Des gémissements arrivaient de la pièce du fond, d’où une voix ne tarda pas à appeler :

— Commissaire…

C’était le médecin, qui essuyait ses mains encore savonneuses à une serviette.

— Vous pouvez l’interroger… La balle n’a fait qu’effleurer le mollet… Il a eu plus de peur que de mal… Il faut dire aussi que l’hémorragie a été assez forte…

Le douanier avait les larmes aux yeux. Il rougit quand le docteur poursuivit :

— Tout son effroi vient de ce qu’il croyait qu’on lui couperait la jambe… Alors que dans huit jours il n’y paraîtra plus !…

Le maire était debout dans l’encadrement de la porte.

— Racontez-moi comment c’est arrivé ! dit doucement Maigret en s’asseyant au bord du canapé. Ne craignez rien… Vous avez entendu ce qu’a dit le docteur…

— Je ne sais pas…

— Mais encore ?…

— Aujourd’hui, je finissais ma faction à dix heures… J’habite un peu plus loin que l’endroit où j’ai été blessé…

— Vous n’êtes donc pas rentré chez vous directement ?…

— Non ! J’ai vu qu’il y avait encore de la lumière au Café de l’Amiral… J’ai eu envie de savoir où les choses en étaient… Je vous jure que ma jambe me brûle !…

— Mais non ! Mais non ! affirma le médecin.

— Puisque je vous dis que… Enfin ! du moment que ce n’est rien !… J’ai bu un demi au café… Il y avait seulement des journalistes et je n’ai même pas osé les questionner…

— Qui vous a servi ?…

— Une femme de chambre, je crois… Je n’ai pas vu Emma.

— Ensuite ?…

— J’ai voulu rentrer chez moi… Je suis passé devant le corps de garde, où j’ai allumé ma cigarette à la pipe de mon collègue… J’ai suivi les quais… J’ai tourné à droite… Il n’y avait personne… La mer était assez belle… Tout à coup, comme je venais à peine de dépasser un coin de rue, j’ai senti une douleur à la jambe, avant même d’entendre le bruit d’une détonation… C’était comme le choc d’un pavé que j’aurais reçu en plein mollet… Je suis tombé… J’ai voulu me relever… Quelqu’un courait… Ma main a rencontré un liquide chaud et, je ne sais pas comment cela s’est fait, mais j’ai tourné de l’œil… J’ai cru que j’étais mort…

Quand je suis revenu à moi, le fruitier du coin ouvrait sa porte et n’osait pas avancer…

C’est tout ce que je sais.

— Vous n’avez pas vu la personne qui a tiré ?…

— Je n’ai rien vu… Cela ne se passe pas comme on croit… Le temps de tomber… Et surtout, quand j’ai retiré ma main pleine de sang…

— Vous ne vous connaissez pas d’ennemi ?…

— Même pas !… Il n’y a que deux ans que je suis ici… Je suis originaire de l’intérieur du pays… Et je n’ai jamais eu l’occasion de voir des contrebandiers…

— Vous rentrez toujours chez vous par ce chemin ?…

— Non !… C’est le plus long… Mais je n’avais pas d’allumettes et je suis allé au corps de garde tout exprès pour allumer ma cigarette… Alors, au lieu de prendre par la ville, j’ai suivi les quais…

— C’est plus court par la ville ?…

— Un peu…

— Si bien que quelqu’un qui vous aurait vu sortir du café et gagner les quais aurait eu le temps d’aller se mettre en embuscade ?…

— Sûrement… Mais pourquoi ?… Je n’ai jamais d’argent sur moi… On n’a pas essayé de me voler…

— Vous êtes certain, commissaire, que vous n’avez pas cessé de voir votre vagabond pendant toute la soirée ?…

Il y avait quelque chose de pointu dans la voix du maire.

Leroy entrait, un papier à la main.

— Un télégramme, que la poste vient de téléphoner à l’hôtel… C’est de Paris…

Et Maigret lut :

Sûreté générale à commissaire Maigret, Concarneau.

Jean Goyard, dit Servières, dont avez envoyé signalement, arrêté ce lundi soir huit heures Hôtel Bellevue, rue Lepic, à Paris, au moment où s’installait chambre 15. A avoué être arrivé de Brest par train de six heures. Proteste innocence et demande être interrogé sur le fond en présence avocat. Attendons instructions.

VIII

Plus un !

— Vous conviendrez peut-être qu’il est temps, commissaire, que nous ayons un entretien sérieux…

Le maire avait prononcé ces mots avec une déférence glacée, et l’inspecteur Leroy ne connaissait pas encore assez Maigret pour juger de ses émotions d’après sa façon de rejeter la fumée de sa pipe. Des lèvres entrouvertes du commissaire, ce fut un mince filet gris qui sortit lentement, tandis que les paupières avaient deux ou trois battements. Puis Maigret tira son calepin de sa poche, regarda autour de lui le pharmacien, le docteur, les curieux.

— A vos ordres, monsieur le maire… Voici…

— Si vous voulez venir prendre une tasse de thé chez moi… se hâta d’interrompre le maire. J’ai ma voiture à la porte… J’attendrai que vous ayez donné les ordres nécessaires…

— Quels ordres ?…

— Mais… l’assassin… le vagabond… cette fille…

— Ah ! oui ! Eh bien ! si la gendarmerie n’a rien de mieux à faire, qu’elle surveille les gares des environs…

Il avait son air le plus naïf.

— Quant à vous, Leroy, télégraphiez à Paris qu’on nous expédie Goyard et allez vous coucher.

Il prit place dans la voiture du maire, que conduisait un chauffeur en livrée noire. Un peu avant les Sables-Blancs, on aperçut la villa bâtie à même la falaise, ce qui lui donnait un petit air de château féodal. Des fenêtres étaient éclairées.

Pendant la route, les deux hommes n’avaient pas échangé deux phrases.

— Permettez que je vous montre le chemin…

Le maire abandonna sa pelisse aux mains d’un maître d’hôtel.

— Madame est couchée ?

— Elle attend Monsieur le maire dans la bibliothèque…

On l’y trouva en effet. Bien qu’âgée d’une quarantaine d’années, elle paraissait très jeune à côté de son mari, qui en avait soixante-cinq. Elle adressa un signe de tête au commissaire.

— Eh bien ?…

Très homme du monde, le maire lui baisa la main, qu’il garda dans la sienne tandis qu’il disait :

— Rassurez-vous !… Un douanier légèrement blessé… Et j’espère qu’après la conversation que nous allons avoir, le commissaire Maigret et moi, cet inadmissible cauchemar prendra fin…

Elle sortit, dans un froissement de soie. Une portière de velours bleu retomba. La bibliothèque était vaste, les murs recouverts de belles boiseries, le plafond à poutres apparentes, comme dans les manoirs anglais.

On apercevait d’assez riches reliures, mais les plus précieuses devaient se trouver dans une bibliothèque close qui occupait tout un pan de mur.

L’ensemble était d’une réelle somptuosité, sans faute de goût, le confort parfait. Bien qu’il y eût le chauffage central, des bûches flambaient dans une cheminée monumentale.

Aucun rapport avec le faux luxe de la villa du docteur. Le maire choisissait parmi des boîtes de cigares, en tendait une à Maigret.

— Merci ! Si vous le permettez, je fumerai ma pipe…

— Asseyez-vous, je vous en prie… Vous prendrez du whisky ?…

Il pressa un timbre, alluma un cigare. Le maître d’hôtel vint les servir. Et Maigret, peut-être volontairement, avait l’air gauche d’un petit-bourgeois reçu dans une demeure aristocratique. Ses traits semblaient plus épais, son regard flou.

Son hôte attendit le départ du domestique.

— Vous devez comprendre, commissaire, qu’il n’est pas possible que cette série de crimes continue… Voilà… voyons… voilà cinq jours que vous êtes ici… Et, depuis cinq jours…

Maigret tira de sa poche son calepin de blanchisseuse recouvert de toile cirée.

— Vous permettez ?… interrompit-il. Vous parlez d’une série de crimes… Or, je remarque que toutes les victimes sont vivantes, sauf une… Une seule mort : celle de M. Le Pommeret… Pour ce qui est du douanier, vous avouerez que, si quelqu’un avait vraiment voulu attenter à sa vie, il ne l’aurait pas atteint à la jambe… Vous connaissez l’endroit où le coup de feu a été tiré… L’agresseur était invisible… Il a pu prendre tout son temps… A moins qu’il n’ait jamais tenu un revolver ?…

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