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Simenon, Georges - Le chien jaune

Читать бесплатно Simenon, Georges - Le chien jaune. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. Так же читаем полные версии (весь текст) онлайн без регистрации и SMS на сайте kniga-online.club или прочесть краткое содержание, предисловие (аннотацию), описание и ознакомиться с отзывами (комментариями) о произведении.
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Et elle reniflait. Elle cherchait son mouchoir. Elle voulait parler par surcroît.

— Je vous jure que ce n’est pas possible !… Je sais bien qu’il était un peu coureur… Mais il n’aurait pas fait ça !… Quand il revenait, il me demandait pardon… Comprenez-vous ?… Ils disent…

Elle désignait les journalistes.

— … ils disent que c’est lui-même qui a fait les taches de sang dans la voiture, pour laisser croire à un crime… Mais alors, c’est qu’il n’aurait pas eu l’intention de revenir !… Et je sais, moi, vous entendez, je suis sûre qu’il serait revenu !… Il n’aurait jamais fait la noce si les autres ne l’avaient pas entraîné… M. Le Pommeret… Le docteur… Et le maire !… Et tous, qui ne me saluaient même pas dans la rue, parce que j’étais trop peu de chose pour eux !…

On m’a dit qu’il était arrêté… Je refuse de le croire… Qu’est-ce qu’il aurait fait de mal ?… Il gagnait assez pour le train de vie que nous menions… On était heureux, malgré les bombes qu’il s’offrait de temps en temps…

Maigret la regarda, soupira, prit un verre sur la table, en avala le contenu d’un trait et murmura :

— Vous m’excuserez, madame… Il faut que j’aille dormir…

— Vous croyez, vous aussi, qu’il est coupable de quelque chose ?…

— Je ne crois jamais rien… Faites comme moi, madame… Demain, c’est encore un jour…

Et il gravit l’escalier à pas lourds tandis que le journaliste, qui n’avait pas quitté l’appareil téléphonique, tirait parti de cette dernière phrase :

— Aux dernières nouvelles, c’est demain que le commissaire Maigret compte élucider définitivement le mystère.

Il ajouta d’une autre voix :

— C’est tout, mademoiselle… Surtout, dites au patron qu’il ne change pas une ligne à mon papier… Il ne peut pas comprendre… Il faut être sur les lieux…

Ayant raccroché, il commanda en poussant son bloc-notes dans sa poche :

— Un grog, patron !… Beaucoup de rhum et un tout petit peu d’eau chaude…

Cependant que Mme Goyard acceptait l’offre qu’un reporter lui faisait de la reconduire. Et elle recommençait chemin faisant ses confidences :

— A part qu’il était un peu coureur… Mais vous comprenez, monsieur !… Tous les hommes le sont !…

IX

La boîte aux coquillages

Maigret était de si bonne humeur, le lendemain matin, que l’inspecteur Leroy osa le suivre en bavardant, et même lui poser des questions.

D’ailleurs, sans qu’on eût pu dire pourquoi, la détente était générale. Cela tenait peut-être au temps qui, tout à coup s’était mis au beau. Le ciel semblait avoir été lavé tout fraîchement. Il était bleu, d’un bleu un peu pâle mais vibrant où scintillaient de légères nuées. Du fait, l’horizon était plus vaste, comme si on eût creusé la calotte céleste. La mer, toute plate, scintillait, plantée de petites voiles qui avaient l’air de drapeaux épinglés sur une carte d’état-major.

Or, il ne faut qu’un rayon de soleil pour transformer Concarneau, car alors les murailles de la vieille ville, lugubres sous la pluie, deviennent d’un blanc joyeux, éclatant.

Les journalistes, en bas, fatigués par les allées et venues des trois dernières journées, se racontaient des histoires en buvant leur café, et l’un d’eux était descendu en robe de chambre, les pieds nus dans des mules.

Maigret, lui, avait pénétré dans la chambre d’Emma, une mansarde plutôt, dont la fenêtre à tabatière s’ouvrait sur la ruelle et dont le plafond en pente ne permettait de se tenir debout que dans la moitié de la pièce.

La fenêtre était ouverte. L’air était frais, mais on y sentait des caresses de soleil. Une femme en avait profité pour mettre du linge à sécher à sa fenêtre, de l’autre côté de la venelle. Dans une cour d’école, quelque part, vibrait une rumeur de récréation.

Et Leroy, assis au bord du petit lit de fer, remarquait :

— Je ne comprends pas encore tout à fait vos méthodes, commissaire, mais je crois que je commence à deviner…

Maigret le regarda de ses yeux rieurs, envoya dans le soleil une grosse bouffée de fumée.

— Vous avez de la chance, vieux ! Surtout en ce qui concerne cette affaire, dans laquelle ma méthode a justement été de ne pas en avoir… Si vous voulez un bon conseil, si vous tenez à votre avancement, n’allez surtout pas prendre modèle sur moi, ni essayer de tirer des théories de ce que vous me voyez faire…

— Pourtant… je constate que maintenant vous en arrivez aux indices matériels, après que…

— Justement, après ! Après tout ! Autrement dit, j’ai pris l’enquête à l’envers, ce qui ne m’empêchera peut-être pas de prendre la prochaine à l’endroit… Question d’atmosphère… Question de têtes… Quand je suis arrivé ici, je suis tombé sur une tête qui m’a séduit et je ne l’ai plus lâchée…

Mais il ne dit pas à qui appartenait cette tête. Il soulevait un vieux drap de lit qui cachait une penderie. Elle contenait un costume breton en velours noir qu’Emma devait réserver pour les jours de fête.

Sur la toilette, un peigne aux nombreuses dents cassées, des épingles à cheveux et une boîte de poudre de riz trop rose. C’est dans un tiroir qu’il trouva ce qu’il semblait chercher : une boîte ornée de coquillages brillants comme on en vend dans tous les bazars du littoral. Celle-ci, qui datait peut-être de dix ans et qui avait parcouru Dieu sait quel chemin, portait les mots : Souvenir d’Ostende.

Il s’en dégageait une odeur de vieux carton, de poussière, de parfum et de papier jauni. Maigret, qui s’était assis au bord du lit près de son compagnon, faisait de ses gros doigts l’inventaire de menues choses.

Il y avait un chapelet aux boules de verre bleu taillées à facettes, à la frêle chaînette d’argent, une médaille de première communion, un flacon de parfum vide qu’Emma avait dû garder à cause de sa forme séduisante et qu’elle avait peut-être trouvé dans la chambre d’une locataire…

Une fleur en papier, souvenir d’un bal ou d’une fête, apportait une note d’un rouge vif.

A côté, une petite croix, en or, était le seul objet d’un peu de valeur.

Tout un tas de cartes postales. L’une représentait un grand hôtel de Cannes. Au dos, une écriture de femme :

Tu feré mieu de venir isi que de resté dan ton sale trou ou i pleu tout le tant. Et on gagnes bien. On mange tan qu’ont veu. Je t’embrasse.

Louise.

Maigret passa la carte à l’inspecteur, regarda attentivement une de ces photographies de foire que l’on obtient en tirant une balle au milieu d’une cible.

Par le fait qu’il épaulait la carabine, on voyait à peine l’homme, dont un œil était fermé. Il avait une carrure énorme, une casquette de marin sur la tête. Et Emma, souriant à l’objectif, lui tenait ostensiblement le bras. Au bas de la carte, la mention : Quimper.

Une lettre, au papier si froissé qu’elle avait dû être relue maintes fois :

Ma chérie,

C’est dit, c’est signé : j’ai mon bateau. Il s’appellera « La Belle Emma ». Le curé de Quimper m’a promis de le baptiser la semaine prochaine, avec l’eau bénite, les grains de blé, le sel et tout, et il y aura du vrai champagne, parce que je veux que ce soit une fête dont on parle longtemps dans le pays.

Ce sera un peu dur au début de le payer, car je dois verser à la banque dix mille francs par an. Mais pense qu’il porte cent brasses carrées de toile et qu’il filera ses dix nœuds. Il y a gros à gagner en transportant les oignons en Angleterre. C’est te dire qu’on ne tardera pas à se marier. J’ai déjà trouvé du fret pour le premier voyage, mais on essaie de me refaire parce que je suis nouveau.

Ta patronne pourrait bien te donner deux jours de congé pour le baptême, car tout le monde sera soûl et tu ne pourras pas rentrer à Concarneau. Il a déjà fallu que je paie des tournées dans les cafés à cause du bateau, qui est déjà dans le port et qui a un pavillon tout neuf.

Je me ferai photographier dessus et je t’enverrai la photo. Je t’embrasse comme je t’aime en attendant que tu sois la femme chérie de ton

Léon.

Maigret glissa la lettre dans sa poche, en regardant d’un air rêveur le linge qui séchait de l’autre côté de l’impasse. Il n’y avait plus rien dans la boîte aux coquillages, sinon un porte-plume en os découpé où l’on voyait, dans une lentille de verre, la crypte de Notre-Dame de Lourdes.

— Il y a quelqu’un dans la chambre qu’occupait habituellement le docteur ? questionna-t-il.

— Je ne le pense pas. Les journalistes sont installés au second…

Le commissaire fouilla encore la pièce, par acquit de conscience, mais il ne trouva rien d’intéressant. Un peu plus tard, il était au premier étage, poussait la porte de la chambre 3, celle dont le balcon domine le port et la rade.

Le lit était fait, le plancher ciré. Il y avait des serviettes propres sur le broc.

L’inspecteur suivait des yeux son chef avec une curiosité mêlée de scepticisme. Maigret, d’autre part, sifflotait en regardant autour de lui, avisait une petite table de chêne posée devant la fenêtre et ornée d’un sous-main réclame et d’un cendrier.

Dans le sous-main, il y avait du papier blanc à en-tête de l’hôtel et une enveloppe bleue portant les mêmes mentions. Mais il y avait aussi deux grandes feuilles de papier buvard, l’une presque noire d’encre, l’autre à peine tachetée de caractères incomplets.

— Allez me chercher un miroir, vieux !

— Un grand ?

— Peu importe ! Un miroir que je puisse poser sur la table.

Quand l’inspecteur revint, il trouva Maigret campé sur le balcon, les doigts passés dans les entournures du gilet, fumant sa pipe avec une satisfaction évidente.

— Celui-ci conviendra ?…

La fenêtre fut refermée. Maigret posa le miroir debout sur la table et, à l’aide de deux chandeliers qu’il prit sur la cheminée, il dressa vis-à-vis la feuille de papier buvard.

Les caractères reflétés dans la glace étaient loin d’être d’une lecture facile. Des lettres, des mots entiers manquaient. Il fallait en deviner d’autres, trop déformés.

— J’ai compris ! dit Leroy d’un air malin.

— Bon ! alors, allez demander au patron un carnet de comptes d’Emma… ou n’importe quoi écrit par elle…

Il transcrivit des mots, au crayon, sur une feuille de papier.

… te voir, heures… inhabitée… absolument…

Quand l’inspecteur revint, le commissaire, remplissant les vides avec approximation, reconstituait le billet suivant :

J’ai besoin de te voir. Viens demain à onze heures dans la maison inhabitée qui se trouve sur la place, un peu plus loin que l’hôtel. Je compte absolument sur toi. Tu n’auras qu’à frapper et je t’ouvrirai la porte.

— Voici le carnet de la blanchisseuse, qu’Emma tenait à jour ! annonça Leroy.

— Je n’en ai plus besoin… La lettre est signée… Regardez ici… mma… Autrement dit : Emma… Et la lettre a été écrite dans cette chambre !…

— Où la fille de salle retrouvait le docteur ? s’effara l’inspecteur.

Maigret comprit sa répugnance à admettre cette hypothèse, surtout après la scène à laquelle, couchés sur la corniche, ils avaient assisté la veille.

— Dans ce cas, ce serait elle qui…

— Doucement ! Doucement, petit ! Pas de conclusions hâtives ! Et surtout pas de déductions !… A quelle heure arrive le train qui doit nous amener Jean Goyard ?…

— Onze heures trente-deux…

— Voici ce que vous allez faire, vieux !… Vous direz d’abord aux deux collègues qui l’accompagnent de me conduire le bonhomme à la gendarmerie… Il y arrivera donc vers midi… Vous téléphonerez au maire que je serais heureux de le voir à la même heure, au même endroit… Attendez !… Même message pour Mme Michoux, que vous toucherez téléphoniquement à sa villa… Enfin, il est probable que d’un moment à l’autre les policiers ou les gendarmes vous amèneront Emma et son amant… Même destination, même heure !… Est-ce que je n’oublie personne ?… Bon ! Une recommandation !… Qu’Emma ne soit pas interrogée en mon absence… Empêchez-la même de parler…

— Le douanier ?…

— Je n’en ai pas besoin.

— M. Mostaguen…

— Heu !… Non !… C’est tout !…

Dans le café, Maigret commanda un marc du pays, qu’il dégusta avec un visible plaisir tout en lançant aux journalistes :

— Cela se tire, messieurs !… Ce soir, vous pourrez regagner Paris…

Sa promenade à travers les rues tortueuses de la vieille ville accrut sa bonne humeur. Et quand il arriva devant la porte de la gendarmerie, surmontée du clair drapeau français, il nota que l’atmosphère, par la magie du soleil, des trois couleurs, du mur ruisselant de lumière, avait une allégresse de 14 Juillet.

Un vieux gendarme, assis sur une chaise de l’autre côté de la poterne, lisait un journal amusant. La cour, avec tous ses petits pavés séparés par des traits de mousse verte, avait la sérénité d’une cour de couvent.

— Le brigadier ?…

— Ils sont tous en route, le lieutenant, le brigadier et la plupart des hommes, à la recherche du vagabond que vous savez…

— Le docteur n’a pas bougé ?…

L’homme sourit en regardant la fenêtre grillagée du cachot, à droite.

— Il n’y a pas de danger !

— Ouvrez-moi la porte, voulez-vous ?

Et, dès que les verrous furent tirés, il lança d’une voix joyeuse, cordiale :

— Bonjour, docteur !… Vous avez bien dormi, au moins ?…

Mais il ne vit qu’un pâle visage en lame de couteau qui, sur le lit de camp, émergeait d’une couverture grise. Les prunelles étaient fiévreuses, profondément enfoncées dans les orbites.

— Alors quoi ? Ça ne va pas ?…

— Très mal… articula Michoux en se soulevant sur sa couche avec un soupir. C’est mon rein…

— On vous donne tout ce dont vous avez besoin, j’espère ?

— Oui… Vous êtes bien aimable…

Il s’était couché tout habillé. Il sortit les jambes de la couverture, s’assit, se passa la main sur le front. Et Maigret, au même moment, enfourchait une chaise, s’accoudait au dossier, éclatant de santé, d’entrain.

— Dites donc ! Je vois que vous avez commandé du bourgogne !…

— C’est ma mère qui me l’a apporté hier… J’aurais autant aimé éviter cette visite… Elle a dû avoir vent de quelque chose, à Paris… Elle est rentrée…

Le cerne des paupières rongeait la moitié des joues non rasées, qui semblaient plus creuses. Et l’absence de cravate comme le complet fripé accroissaient l’impression de détresse qui se dégageait du personnage.

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