Исайя Берлин - Философия свободы. Европа
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попустительстве, разрешении делать что угодно (фр.).
96
Loc. cit. (p. 16 above, note 1).
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Об этом, мне кажется, хорошо сказал тот же Бентам: «Только индивидуальные интересы — реальные интересы… Можно ли представить себе людей столь абсурдных, что они предпочитают человека несуществующего человеку, как он есть; или пытают живущих ради счастья тех, кто еще не родился и может никогда не родиться?» (Ор. cit. (p. 219 above, note 3) P. 321). Это — один из нечастых случаев, когда Берк соглашается с Бентамом, ибо в данной формуле самая суть эмпирического, а не метафизического взгляда на политику.
98
Schumpeter Joseph A. Capitalism, Socialism, and Democracy. London, 1943. P. 243.
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естественный свет (лam.).
100
понимать (нем.).
101
знать (нем.).
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то, что всегда, что повсюду, что всем… (лат.)
103
Король — это человек на коне,Нумерованный персонажО котором де МестрПишет: «король», читай — «палач».
Виктор Гюго, «Песни улиц и лесов». Кн. 1 («Юность»). VI, 17 («К парижскому гостю»)104
Отрывки из этого сочинения де Местра приводятся в переводе A. A. Васильева по изданию: Местр Ж. де. Санкт-петербургские вечера. СПб., 1998 (здесь — с. 371; далее: Вечера).
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Француз, католик, дворянин (фр.).
106
Faguet Emile. Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle, 1st séries. Paris, 1899. P. I.
107
Ibid. P. 59.
108
Ibid. («un paganisme un peu nettoyé»).
109
Ibid. P. 60.
110
Kocheblave S. Etude sur Joseph de Maistre // Revue d'histoire et de philosophie religieuses, 2 (1922). P. 312.
111
Brandes George. Main Currents in Nineteenth Century Literature, English translation. London, 1901–1905. Vol. 3 (The Reaction in France). P. 112.
112
Quinet E. Le christianisme et la Revolution Française. Paris, 1845. P. 357–358.
113
Correspondance de Stendhal (1800–1842)/Ed. Ad. Paupe et P.- A. Cheramy. Paris, 1908. Vol. 2. P. 389.
114
Doumic René. Études sur la littérature française, 1st séries. Paris, 1896. P. 216.
115
См. В особенности: «Joseph de Maistre» (1843) in «Portraits littéraires»: pp. 385–466 in «Oeuvres», ed. Maxime Leroy (Paris, 1949–1951); «Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre» (2 июня 1851). P. 192–216 in «Causeries du lundi». Paris, (1926–1942). Vol. 4.
116
К такому мнению, однако, не присоединяются ни канадский биограф де Местра Ричард Лебрен, ни Эмиль Чоран, ни я сам. Сожалею, что не могу разделить эту безоговорочно резкую позицию, но этого не позволяют сделать мрачнейшие события нашего века. См.: Lebrun Richard Л. Joseph de Maistre: An Intellectual Militant. Kingston and Montreal, 1988; Cioran E. M. Essai sur la pensée réactionnaire: À propos de Joseph de Maistre. (Montpellier), 1977.
117
Ссылки на сочинения де Местра приводятся с указанием тома и страницы (соответственно обозначены римской и арабской цифрами) по изданию: Oeuvres complètes de Joseph de Maistre, 14 vols and index. Lyon; Paris, 1884–1887; последующие переиздания осуществлялись без изменений. Здесь — I, 74.
118
I, 18.
119
Correspondance diplomatique de Joseph de Maistre 1811–1817 / Ed. Albert Blanc. Paris, 1860 (далее — Correspondance diplomatique). Vol. I. P. 197.
120
«Записка для герцога Брауншвейгского» («Mémoire au duc de Brunswick») // Jean Rebotton (ed.), Ecrits maçonniques de Joseph de Maistre et de quelques-uns de ses amis francs-maçons. Geneva, 1983. P. 106.
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Де Местр приводит эти слова в своем письме к Винье дез Этоль от 16 июля 1793 г. (хранится в семейном архиве). См.: Lebrun. Op. cit. P. 123, note 68.
122
Название книги Карла Л. Беккера — «The heavenly City of the eighteenth-century Philosophers» (New Haven, 1932).
123
к взаимному истреблению (лат.).
124
Вечера. С. 370–373. Оригинальный текст этого отрывка, лишь частично процитированного выше, заслуживает, чтобы его привели полностью, ибо здесь стиль де Местра раскрывается во всей характерности, живописности и неистовости: «Dans le vaste domaine de la nature vivante, il règne une violence manifeste, une espèce de rage prescrite qui arme tous les êtres in mulua funera: dès que vous sortez du règne insensible, vous trouvez le décret de la mort violente écrit sur les frontières mêmes de la vie. Déjà, dans le règne végétal, on commence à sentir la loi: depuis l'immense catalpa jusqu'à la plus humble graminée, combien de plantes meurent, et combien sont tuées! mais, dès que vous entrez dans le règne animal, la loi prend tout à coup une épouvantable évidence. Une force, à la fois cachée et palpable, se montre continuellement occupée à mettre à découvert le principe de la vie par des moyens violents. Dans chaque grande division de l'espèce animal, elle a choisi un certain nombre d'animaux qu'elle a chargés de dévorer les autres: ainsi, il y a des insectes de proie, des reptiles de proie, des oiseaux de proie, des poissons de proie, et des quadrupèdes de proie. Il n'y pas un instant de la durée où l'être vivant ne soit dévoré par un autre. Au-dessus de ces nombreuses races d'animaux est placé l'homme, dont la main destructrice n'épargne rien de ce qui vit; il tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour se parer, il tue pour attaquer, il tue pour se défendre, il tue pour s'instruire, il tue pour s'amuser, il tue pour tuer: roi superbe et terrible, il a besoin de tout, et rien ne lui résiste. Il sait combien la tête du requin ou du cachalot lui fournira de barriques d'huile; son épingle déliée pique sur le carton des musées l'élégant papillon qu'il a saisi au vol sur le sommet du Mont-Blanc ou de Chimboraço; il empaille le crocodile, il embaume le colibri; à son ordre, le serpent à sonnettes vient mourir dans la liqueur conservatrice qui doit le montrer intact aux yeux d'une longue suite d'observateurs. Le cheval qui porte son maître à la chasse du tigre se pavane sous la peau de ce même animal: l'homme demande tout à la fois, à l'agneau ses entrailles pour faire résonner une harpe, à la baleine ses fanons pour soutenir le corset de la jeune vierge, au loup sa dent la plus meurtrière pour façonner le jouet d'un enfant: ses tables sont couvertes de cadavres. Le philosophe peut même découvrir comment le carnage permanent est prévu et ordonné dans le grand tout. Mais cette loi s'arretera-t-elle a l'homme? non, sans doute. Cependant quel être exterminera celui qui extermine tous? Lui. C'est l'homme qui est chargé d'égorger l'homme. Mais comment pourra-t-il accomplir la loi, lui qui est un être moral et miséricordieux; lui qui est né pour aimer; lui qui pleure sur les autres comme sur lui-même, qui trouve du plaisir à pleurer, et qui finit par inventer des fictions pour se faire pleurer; lui enfin à qui il a été déclaré qu'on redemandera jusqu'à la dernière goutte du sang qu'il aurait versé injustement (Gen., IX, 5)? c'est la guerre qui accomplira le décret. N'entendez- vous pas la terre qui crie et demande du sang? Le sang des animaux ne lui suffît pas, ni même celui des coupables versé par le glaive des lois. Si la justice humaine les frappait tous, il n'y aurait point de guerre; mais elle ne saurait en atteindre qu'un petit nombre, et souvent même elle les épargne, sans se douter que sa féroce humanité contribue à nécessiter la guerre, si, dans le même temps surtout, en autre aveuglement, non moins stupide et non moins funeste, travaillait à éteindre l'expiation dans le monde. La terre n'a pas crié en vain; la guerre s'allume. L'homme, saisi tout à coup d'une fureur divine, étrangère à la haine et à la colère, s'avance sur le champ de bataille sans savoir ce qu'il veut ni même ce qu'il fait. Qu'est-ce donc que cette horrible énigme? Rien n'est plus contraire à sa nature, et rien ne lui répugne moins: il fait avec enthousiasme ce qu'il en a horreur. N'avez-vous jamais remarqué que, sur le champ de mort, l'homme ne désobéit jamais? il pourra bien massacrer Nerva ou Henri IV; mais le plus abominable tyran, le plus insolent boucher de chair humaine n'entendra jamais là: Nous ne voulons plus vous servir. Une révolte sur le champ de bataille, un accord pour s'embrasser en reniant le tyran, est un phénomène qui ne se présente pas à ma mémoire. Rien ne résiste, rien ne peut résister à la force qui traîne l'homme au combat; innocent meurtrier, instrument passif d'une main redoutable, il se plonge tête baissée dans l'abîme qu'il a creusé lui-même; il donne, il reçoit la mort sans se douter que c'est lui qui a fait la mort (Infixae sunt genies in interitu, quem fecerunt (Ps., IX, (15))). — Ainsi s'accomplit sans cesse, dépuis le ciron jusqu'à l'homme, la grande loi de la destruction violente des êtres vivants. La terre entière, continuellement imbibée du sang, n'est qu'un autel immense où tout ce qui vit doit etre immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu'à la consommation des choses, jusqu'à l'extinction du mal, jusqu'à la mort de mort (Car le dernier ennemi qui doit être détruit, c'est lu mort (S. Paul aux Cor., I, 15, 26)) — V, 22–25.
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«(el) matadero del difunto conde José de Maistre» (Unamuno Miguel de. La agonia del cristianismo//Obras complétas / Ed. Manuel Garcia Blanco. Madrid, 1966. Vol. 7. P. 308).
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Вечера. С. 31–32. Поскольку это один из самых известных текстов де Местра, его имеет смысл привести в оригинале: «Qu'est-ce donc que cet être inexplicable qui a préféré à tous les métiers agréables, lucratifs, honnêtes et même honorables qui se présentent en foule à la force ou à la dextérité humaine, celui de tourmenter et de mettre à mort ses semblables? Cette tête, ce coeur sont-ils faits comme les nôtres? ne contiennent-ils rien de particulier et d'étranger à notre nature? Pour moi, je n'en sais pas douter. Il est fait comme nous extérieurement; il naît comme nous; mais c'est un être extraordinaire, et pour qu'il existe dans la famille humaine il faut un décret particulier, un FIAT de la puissance créatrice. Il est créé comme un monde. Voyez ce qu'il est dans l'opinion des hommes, et comprenez, si vous pouvez, comment il peut ignorer cette opinion ou l'affronter! A peine l'autorité a-t-elle désigné sa demeure, à peine en a-t-il pris possession, que les autres habitations reculent jusqu'à ce qu'elles ne voient plus la sienne. C'est au milieu de cette solitude, et de cette espèce de vide forme autour de lui qu'il vit seul avec sa femelle et ses petits, qui lui font connaître la voix de l'homme: sans eux il n'en connaîtrait que les gémissements ‹…› Un signal lugubre est donné; un ministre abject de la justice vient frapper à sa porte et l'avertir qu'on a besoin de lui: il part; il arrive sur une place publique couverte d'une foule pressée et palpitante. On lui jette un empoisonneur, un parricide, un sacrilège: il le saisit, il l'étend, il le lie sur une croix horizontale, il lève le bras: alors il se fait un silence horrible, et on n'entend plus que le cri des os qui éclatent sous la barre, et les hurlements de la victime. Il la détache; il la porte sur une roue: les membres fracassés s'enlacent dans les rayons; la tête pend; les cheveux se hérissent, et la bouche, ouverte comme une fournaise, n'envoit plus par intervalle qu'un petit nombre de paroles sanglantes qui appellent la mort. Il a fini: le coeur lui bat, mais c'est de joie; il s'applaudit, il dit dans son coeur: Nul ne roue mieux que moi. Il descend: il tend sa main souillée de sang, et la justice y jette de loin quelques pièces d'or qu'il emporte à travers une double haie d'hommes écartés par l'horreur. Il se met à table, et il mange; au lit ensuite, et il dort. Et le lendemain, en s'eveillant, il songe à tout autre chose qu'à ce qu'il a fait la veille. Est-ce un homme? Oui; Dieu le reçoit dans ses temples et lui permet de prier. Il n'est pas criminel; cependant aucune langue ne consent à dire, par exemple, qu'il est vertueux, qu'il est honnête homme, qu 'il est estimable, etc. Nul éloge moral ne peut lui convenir; car tous supposent des rapports avec les hommes, et il n'en a point.- Et cependant toute grandeur, toute puissance, toute subordination repose sur l'exécuteur: il est l'horreur et le lien de l'association humaine. Otez du monde cet agent incompréhensible; dans l'instant même l'ordre fait place au chaos, les trônes s'abîment et la société disparaît. Dieu qui est l'auteur de la souveraineté, l'est donc aussi du châtiment: il a jeté notre terre sur ces deux pôles: car Jehovah est le maître des deux pôles, et sur eux il fait tourner le monde (Domini enim sunt cardines terrae, et posuit super eos orbem (Cant. Annae, I, Reg., II, 8).) — IV, 32–33.