Kniga-Online.club

Simenon, Georges - Liberty Bar

Читать бесплатно Simenon, Georges - Liberty Bar. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. Так же читаем полные версии (весь текст) онлайн без регистрации и SMS на сайте kniga-online.club или прочесть краткое содержание, предисловие (аннотацию), описание и ознакомиться с отзывами (комментариями) о произведении.
Перейти на страницу:

— Le fils Brown peut être venu de Marseille en auto et être reparti le jour même…

Maigret retourna à la police des mœurs, où il prit la photographie de Sylvie que possédait le service. Il avait déjà en poche celle de William Brown, qu’il avait emportée de la villa.

Et il se plongea dans une nouvelle atmosphère : les petits hôtels, surtout ceux qui entourent le port, où l’on peut louer des chambres non seulement à la nuit mais à l’heure.

Les tenanciers devinaient dès l’abord qu’il était de la police. Ce sont des gens qui craignent celle-ci par-dessus tout.

— Attendez, que je demande à la femme de chambre…

Et c’étaient des dégringolades dans des escaliers sombres, toute une Cour des Miracles que le commissaire découvrait.

— Ce gros-là ?… Non ! je ne me souviens pas de l’avoir vu ici…

C’était la photographie de William Brown que Maigret montrait la première. Puis il exhibait celle de Sylvie.

On la connaissait presque partout.

— Elle est déjà venue… Mais il y a quelque temps…

— La nuit ?

— Oh ! non ! quand elle vient avec quelqu’un, c’est toujours « pour un moment »…

Hôtel Bellevue… Hôtel du Port… Hôtel Bristol… Hôtel d’Auvergne…

Et il y en avait encore, la plupart dans des petites rues, la plupart aussi discrets, ne se signalant au passage que par une plaque de marmorite flanquant un corridor béant : Eau courante. Prix modérés…

Parfois Maigret montait d’un échelon, trouvait un tapis sur les marches d’escalier… D’autres fois, il rencontrait dans le couloir un couple furtif qui détournait la tête…

Et en sortant il revoyait le port, où quelques voiliers de course de six mètres, série internationale, étaient tirés à terre.

Des matelots les peignaient avec soin, tandis que stationnaient çà et là des groupes de curieux.

— Pas d’histoires ! lui avait-on dit à Paris.

Eh bien ! si cela continuait, on serait servi ! Il n’y aurait pas d’histoire du tout, pour la bonne raison que Maigret ne trouverait rien !

Il fumait pipe sur pipe, en bourrant une alors que l’autre n’était pas encore éteinte, car il en avait toujours deux ou trois dans les poches.

Et il prenait le pays en grippe, enrageait parce qu’une femme s’obstinait à lui vendre des coquillages et parce qu’un gamin, qui courait, pieds nus, se jetait dans ses jambes puis le regardait en éclatant de rire.

— Vous connaissez cet homme ?

Il montrait pour la vingtième fois la photographie de William Brown.

— Il n’est jamais venu ici.

— Et cette femme ?

— Sylvie ?… Elle est là-haut…

— Seule ?

L’hôtelier haussa les épaules, cria dans les escaliers :

— Albert !… Descends un instant…

C’était un valet de chambre crasseux, qui regarda le commissaire de travers.

— Sylvie est toujours là-haut ?

— Au 7…

— Ils ont commandé à boire ?

— Rien du tout !

— Alors, ils n’en ont pas pour longtemps ! dit le patron à Maigret. Si vous voulez lui parler, vous n’avez qu’à attendre…

Cela s’appelait l’Hôtel Beauséjour et c’était dans une rue parallèle au port, juste en face d’une boulangerie.

Est-ce que Maigret avait envie de revoir Sylvie ? Est-ce qu’il avait une ou des questions à lui poser ?

Il n’en savait rien lui-même. Il était fatigué. Toute son attitude, par protestation, avait quelque chose de menaçant, comme s’il eût été sur le point d’en finir.

Il n’allait pas attendre devant l’hôtel, car la boulangère d’en face le regardait avec ironie, à travers sa vitrine.

Est-ce que Sylvie avait tant d’amateurs que parfois l’un d’eux dût attendre son tour en bas ? C’était cela ! Et Maigret était furieux qu’on le prît pour un client de la fille.

Il gagna le coin de la rue, avec l’idée de faire, pour passer le temps, le tour du pâté de maisons. Comme il arrivait sur le quai, il se retourna sur un taxi qui stationnait au bord du trottoir et dont le chauffeur faisait les cent pas.

Il ne put préciser tout de suite ce qui le frappait. Il dut se retourner deux fois. Ce n’était pas tant l’auto que l’homme qui lui rappelait quelque chose, et soudain son image s’associa au souvenir de l’enterrement du matin.

— Vous êtes d’Antibes, n’est-ce pas ?

— De Juan-les-Pins !

— C’est bien vous qui, ce matin, avez suivi un enterrement jusqu’au cimetière…

— Oui ! Pourquoi ?

— Est-ce le même client que vous avez amené ici ?

Le chauffeur regardait son interlocuteur des pieds à la tête sans trop savoir ce qu’il devait répondre.

— Pourquoi me demandez-vous cela ?

— Police… Alors ?

— C’est le même… Depuis hier à midi, il m’a pris à la journée.

— Où est-il en ce moment ?

— Je ne sais pas… Il est parti par là…

Et le chauffeur désignait une rue, questionnait avec une soudaine inquiétude :

— Dites donc ! vous n’allez pas l’arrêter avant qu’il m’ait payé ?

Maigret en oubliait de fumer. Il resta un bon moment immobile, à fixer le capot démodé du taxi, puis soudain, frôlé par l’idée que le couple aurait peut-être quitté l’hôtel, il se précipita vers le Beauséjour.

La boulangère le vit arriver, interpella son mari qui était au fond de la boutique et qui approcha de la vitre un visage enfariné.

Tant pis ! Maintenant, Maigret s’en moquait.

— Chambre 7…

En regardant la façade, il essayait de deviner laquelle des fenêtres aux rideaux clos correspondait à la chambre 7. Il n’osait pas encore se réjouir.

Et pourtant… Non ! ce n’était pas une coïncidence… C’était la première fois, au contraire, que deux éléments de cette affaire s’enchaînaient…

Sylvie et Harry Brown se retrouvant dans un garni du port !…

Vingt fois il eut le temps de parcourir les cent mètres le séparant du coin du quai. Vingt fois il revit le taxi à la même place. Quant au chauffeur, il était venu se camper au bout de la rue de façon à surveiller lui-même son client…

Enfin, la porte vitrée du fond du couloir s’ouvrit. Sylvie, qui marchait vite, déboucha sur le trottoir et faillit se heurter à Maigret.

— Bonjour ! lui lança-t-il.

Elle s’immobilisa. Jamais encore il ne l’avait vue aussi pâle. Et, quand elle ouvrit la bouche, il n’en sortit aucun son.

— Votre compagnon se rhabille ?

Elle tournait la tête en tous sens comme une girouette. Sa main lâcha le sac que Maigret ramassa. Elle le lui arracha littéralement, comme si elle eût craint par-dessus tout de le lui voir ouvrir.

— Un instant !

— Pardon… On m’attend… Marchons, voulez-vous ?…

— Justement, je ne veux pas marcher… Surtout dans cette direction…

Elle était plus émouvante que jolie, à cause des grands yeux qui lui rongeaient tout le visage. On la sentait en proie à une nervosité douloureuse, à une angoisse qui lui coupait le souffle.

— Qu’est-ce que vous me voulez ?

Est-ce qu’elle n’était pas sur le point de s’enfuir en courant ? Pour l’en empêcher, Maigret lui prit la main, qu’il garda dans la sienne, dans un geste qui, pour les boulangers d’en face, pouvait passer pour un geste d’affection.

— Harry est toujours là ?

— Je ne comprends pas…

— Eh bien ! nous allons l’attendre ensemble… Attention, petit !… Pas de bêtises… Laissez ce sac en paix…

Car Maigret l’avait repris. À travers l’étoffe soyeuse, il croyait reconnaître la consistance d’une liasse de billets de banque.

— Pas de scandale !… Il y a des gens qui nous regardent…

Et des passants ! Ils devaient croire que Maigret et Sylvie débattaient une simple question de tarif.

— Je vous en supplie…

— Non !

Et, plus bas :

— Si vous n’êtes pas tranquille, je vous passe les menottes !

Elle le regarda avec des prunelles encore agrandies par l’effroi, puis, découragée ou matée, elle baissa la tête.

— Harry n’a pas l’air pressé de descendre…

Elle ne dit rien, ne tenta pas de nier, de le détromper.

— Vous le connaissiez déjà ?

Ils étaient en plein soleil. Sylvie avait le visage humide.

Elle semblait chercher désespérément une inspiration qu’elle ne trouvait pas.

— Écoutez…

— J’écoute !

Mais non ! Elle changeait d’avis ! Elle ne disait plus rien. Elle se mordait cruellement la lèvre.

— Joseph vous attend quelque part ?

— Joseph ?

C’était de l’affolement, de la panique. Et voilà que maintenant on entendait des pas dans l’escalier de l’hôtel. Sylvie tremblait, n’osait pas regarder vers le couloir noyé d’ombre.

Les pas se rapprochaient, sonnaient sur les dalles. La porte vitrée s’ouvrait, se refermait, et il y avait soudain un temps d’arrêt.

Harry Brown, qu’on ne distinguait pas dans la pénombre et qui avait vu le couple ! Ce fut bref. Il se remit en marche. Il paya de culot. Il passa, sans une hésitation, le corps droit, en adressant un bref salut à Maigret.

Celui-ci tenait toujours le poignet inerte de Sylvie. Pour rejoindre Brown, qu’on ne voyait plus que de dos, il fallait lâcher celle-ci.

Une scène ridicule à jouer sous les fenêtres de la boulangère !…

— Venez avec moi ! dit-il à sa compagne.

— Vous m’arrêtez ?

— Ne vous inquiétez pas de ça…

Il devait téléphoner tout de suite. Il ne voulait à aucun prix livrer Sylvie à elle-même. Il y avait des cafés dans les environs. Il entra dans l’un d’eux et entraîna la jeune femme avec lui dans la cabine.

Quelques instants plus tard, il avait l’inspecteur Boutigues au bout du fil.

— Courez à l’Hôtel Provençal. Priez poliment, mais fermement Harry Brown de ne pas quitter Antibes avant mon arrivée. Au besoin, empêchez-le de sortir…

Et Sylvie écoutait, effondrée. Elle n’avait plus de ressort, plus la moindre velléité de révolte.

— Qu’est-ce que vous buvez ? lui demanda-t-il, revenu à sa table.

— Cela m’est égal.

Il surveillait surtout le sac à main. Le garçon les observait, sentant qu’il se passait quelque chose d’anormal. Et comme une fillette qui allait de table en table venait offrir un bouquet de violettes, Maigret le prit, le tendit à sa compagne, fouilla ses poches avec un air ennuyé et, au moment où l’on s’y attendait le moins, prit le sac.

— Vous permettez ?… Je n’ai pas de monnaie…

Cela s’était fait si vite, d’une façon si naturelle, qu’elle n’eut pas le temps de protester. À peine une crispation passagère des doigts sur la poignée du sac.

La petite fille attendait sagement en choisissant un autre bouquet dans sa corbeille. Maigret, sous une grosse liasse de billets de mille francs, cherchait de la menue monnaie.

— Maintenant, allons !… dit-il en se levant.

Il était nerveux aussi. Il avait hâte d’être ailleurs, de n’avoir plus de regards curieux braqués sur lui.

— Si nous allions dire bonsoir à cette brave maman Jaja ?

Sylvie suivait docilement. Elle était matée. Et rien ne les distingua des autres couples qui passaient sinon que c’était Maigret qui tenait précieusement le sac de sa compagne.

— Passez la première !

Elle pénétra dans le bar en descendant une marche, se dirigea vers la porte vitrée du fond. On apercevait, derrière le rideau de tulle, le dos d’un homme qui se leva vivement à l’arrivée du couple.

C’était Yan, le steward suédois, qui devint rouge jusqu’aux oreilles en reconnaissant Maigret.

— Encore vous ?… Eh bien ! mon ami, vous me feriez plaisir en allant vous promener…

Jaja ne comprenait pas. Le visage de Sylvie lui disait clairement qu’il se passait quelque chose d’anormal. Et elle ne demandait pas mieux que de voir disparaître le marin.

— Tu viens demain, Yan ?

— Je ne sais pas…

Sa casquette à la main, il ne savait comment s’en aller, troublé qu’il était par le regard lourd du commissaire.

— Oui… Ça va… Au revoir… lui dit celui-ci avec impatience, en ouvrant et en refermant la porte pour livrer passage au steward.

Il donna un tour de clé, d’un geste brusque. Il dit à Sylvie :

— Tu peux retirer ton chapeau.

Jaja risquait d’une voix timide :

— Vous vous êtes rencontrés…

— Justement ! Nous nous sommes rencontrés.

Elle n’osait même pas offrir à boire, tant elle sentait d’orage dans l’air. Par contenance, elle ramassa un journal qui traînait par terre, le replia, puis alla surveiller quelque chose sur son fourneau.

Maigret bourrait une pipe, tout doucement. Il s’approchait du fourneau à son tour et, roulant un morceau de journal, l’allumait dans le foyer.

Sylvie restait debout près de la table. Elle avait enlevé son chapeau et l’avait posé devant elle.

Alors Maigret s’assit, ouvrit le sac, commença à compter les billets de banque qu’il aligna parmi les verres sales.

— Dix-huit… dix-neuf… vingt… Vingt mille francs !…

Jaja s’était retournée d’une seule pièce et regardait les billets avec ahurissement. Puis elle regardait Sylvie, puis le commissaire. Elle faisait un violent effort pour comprendre.

— Qu’est-ce que…

— Oh ! rien d’extraordinaire ! grommela Maigret. Sylvie a déniché un amoureux plus généreux que les autres, voilà tout ! Et savez-vous comment il s’appelle ? Harry Brown…

Il était installé comme chez lui, les coudes sur la table, la pipe aux dents, son chapeau melon renversé sur la nuque.

— Vingt mille francs pour « un petit moment », comme ils disent à l’Hôtel Beauséjour…

Par contenance, Jaja essuyait à son tablier ses mains boudinées. Elle n’osait plus rien dire. Elle était sidérée.

Et Sylvie, exsangue, les traits tirés, ne regardait personne, ne regardait que le vide devant elle, s’attendant désormais aux pires coups du sort.

— Tu peux t’asseoir ! lança Maigret.

Elle obéit machinalement.

— Toi aussi, Jaja… Attends… Donne d’abord des verres propres…

Sylvie était juste à la même place que la veille, quand elle mangeait, le peignoir entrouvert, les seins nus à quelques centimètres de son assiette.

Jaja posait une bouteille et des verres sur la table, s’asseyait tout au bord de sa chaise.

— Et maintenant, mes enfants, j’attends…

La fumée de sa pipe montait lentement vers le soupirail qui était bleuté, car le soleil ne l’atteignait plus. Jaja regardait Sylvie…

Et celle-ci ne regardait toujours rien, ne disait rien, absente ou butée.

— J’attends…

Il aurait pu répéter ça cent fois, et attendre dix ans !

Jaja fut seule à soupirer en écrasant son menton sur la poitrine :

— Mon Dieu !… Si je m’attendais !…

Quant à Maigret, il pouvait à peine se contenir. Il se levait. Il marchait de long en large. Il grommelait :

Перейти на страницу:

Simenon читать все книги автора по порядку

Simenon - все книги автора в одном месте читать по порядку полные версии на сайте онлайн библиотеки kniga-online.club.


Liberty Bar отзывы

Отзывы читателей о книге Liberty Bar, автор: Simenon. Читайте комментарии и мнения людей о произведении.


Уважаемые читатели и просто посетители нашей библиотеки! Просим Вас придерживаться определенных правил при комментировании литературных произведений.

  • 1. Просьба отказаться от дискриминационных высказываний. Мы защищаем право наших читателей свободно выражать свою точку зрения. Вместе с тем мы не терпим агрессии. На сайте запрещено оставлять комментарий, который содержит унизительные высказывания или призывы к насилию по отношению к отдельным лицам или группам людей на основании их расы, этнического происхождения, вероисповедания, недееспособности, пола, возраста, статуса ветерана, касты или сексуальной ориентации.
  • 2. Просьба отказаться от оскорблений, угроз и запугиваний.
  • 3. Просьба отказаться от нецензурной лексики.
  • 4. Просьба вести себя максимально корректно как по отношению к авторам, так и по отношению к другим читателям и их комментариям.

Надеемся на Ваше понимание и благоразумие. С уважением, администратор kniga-online.


Прокомментировать
Подтвердите что вы не робот:*
Подтвердите что вы не робот:*