Kniga-Online.club

Simenon, Georges - Le pendu de Saint-Pholien

Читать бесплатно Simenon, Georges - Le pendu de Saint-Pholien. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. Так же читаем полные версии (весь текст) онлайн без регистрации и SMS на сайте kniga-online.club или прочесть краткое содержание, предисловие (аннотацию), описание и ознакомиться с отзывами (комментариями) о произведении.
Назад 1 ... 11 12 13 14 15 Вперед
Перейти на страницу:

» Il m’a demandé de l’argent… Beaucoup !… Il m’en a encore demandé par la suite…

» Est-ce que ce n’était pas le point vulnérable ?… Toute notre situation, à Van Damme, à Lombard, à moi, voire à Janin, n’était-elle pas basée sur l’argent ?…

» Un nouveau cauchemar a commencé… Lecocq ne s’était pas trompé… Il allait de l’un à l’autre, traînant avec lui le complet sinistre… Il calculait avec une exactitude diabolique les sommes à nous demander, de manière à nous jeter dans l’embarras…

» Vous êtes venu chez moi, commissaire… Eh bien ! ma maison est hypothéquée… Ma femme croit sa dot intacte à la banque et il n’en reste plus un centime… Et j’ai commis d’autres irrégularités !…

» Il est allé deux fois à Brême, voir Van Damme… Il est venu à Liège…

» Toujours ulcéré, acharné à détruire jusqu’aux apparences de bonheur…

» Nous étions six autour du cadavre de Willy… Klein était mort… Lecocq vivait dans un cauchemar de tous les instants…

» Alors, il fallait que nous soyons tous également malheureux… L’argent, il n’y touchait même pas !… Il vivait aussi pauvrement que jadis, quand il partageait avec Klein quelques sous de boudin… Il brûlait les billets !…

» Et chacun de ces billets brûlés représentait pour nous des difficultés inouïes…

» Voilà trois ans que nous luttons, chacun dans son coin, Van Damme à Brême, Jef à Liège, Janin à Paris, moi à Reims…

» Trois ans que nous osons à peine nous écrire et que Lecocq d’Arneville nous replonge malgré nous dans l’atmosphère des Compagnons de l’Apocalypse…

» J’ai une femme… Lombard aussi… Nous avons des gosses… Et, pour eux, nous essayons de tenir…

» Van Damme, l’autre jour, nous a télégraphié que Lecocq s’était tué, nous a donné rendez-vous ici…

» Nous y étions tous… Vous êtes arrivé… Après votre départ, nous avons appris que c’était vous qui possédiez désormais le costume sanglant et que vous vous acharniez à remonter la piste…

— Qui m’a volé une des valises à la Gare du Nord ? questionna Maigret.

Ce fut Van Damme qui répondit :

— Janin !… J’étais arrivé avant vous… J’étais là, caché sur l’un des quais…

Ils étaient aussi las l’un que l’autre. Le bout de bougie durerait peut-être encore dix minutes, pas plus. Un faux mouvement du commissaire fit tomber la tête de mort qui eut l’air de grignoter le plancher.

— Qui m’a écrit à l’Hôtel du Chemin-de-Fer ?…

— Moi ! répliqua Jef sans lever la tête. A cause de ma petite fille !… Ma petite fille que je n’ai pas encore regardée… Van Damme s’en est douté… Et Belloir !… Ils étaient tous les deux au Café de la Bourse…

— Et c’est vous qui avez tiré ?…

— Oui… Je n’en pouvais plus… Je voulais vivre !… Vivre !… Avec ma femme, mes gosses… Alors, je vous guettais dehors… J’ai pour cinquante mille francs de traites en circulation… Cinquante mille francs de billets que Lecocq d’Arneville a brûlés !… Cependant ce n’est rien !… Je les paierai… Je ferai tout ce qu’il faudra… Mais vous sentir là, derrière nous…

Maigret chercha Van Damme des yeux.

— Et vous galopiez devant moi, cherchant à détruire les indices ?

Ils se turent. La flamme de la bougie vacillait. Jef Lombard était seul à recevoir la lumière filtrée par un verre rouge de la lanterne.

Alors, pour la première fois, la voix de Belloir se cassa.

— Il y a dix ans, tout de suite après le… la chose… j’aurais accepté… dit-il. J’avais acheté un revolver, pour le cas où l’on serait venu m’arrêter… Mais dix ans de vie !… Dix ans d’efforts… De lutte !… Avec des éléments nouveaux : la femme, les enfants… Je crois que j’aurais été capable de vous pousser dans la Marne, moi aussi !… Ou de tirer, la nuit, au sortir du Café de la Bourse…

» Car, dans un mois, pas même, dans vingt-six jours, il y aura prescription…

Ce fut au beau milieu du silence qui suivit que la bougie, soudain, lança une dernière flamme et s’éteignit. L’obscurité fut complète, absolue.

Maigret ne bougea pas. Il savait que Lombard était à sa gauche, debout, Van Damme appuyé au mur en face de lui, Belloir à un pas à peine derrière son dos.

Il attendit, sans même prendre la précaution de porter la main à la poche où était son revolver.

Il sentit nettement que Belloir frissonnait des pieds à la tête, pantelant, avant de frotter une allumette et de prononcer :

— Si vous voulez que nous sortions…

A la lueur de la flamme, les prunelles paraissaient plus brillantes. Ils se frôlèrent tous quatre dans l’encadrement de la porte, puis dans l’escalier. Van Damme tomba, parce qu’il avait oublié que la rampe manquait à partir de la huitième marche.

L’atelier de menuiserie était fermé. A travers les rideaux d’une fenêtre, on vit une vieille qui tricotait, éclairée par une petite lampe à pétrole.

— C’était par là ?… fit Maigret en montrant la rue aux pavés inégaux qui débouchait sur le quai, à cent mètres d’eux, où un bec de gaz était scellé à l’angle du mur.

— La Meuse atteignait la troisième maison, répondit Belloir. J’ai dû entrer dans l’eau jusqu’aux genoux pour que… pour qu’il parte avec le courant…

Ils se dirigèrent dans le sens contraire, contournèrent la nouvelle église dressée au milieu d’un terre-plein qui n’était pas encore bien tassé.

Brusquement, c’étaient la ville, les passants, les tramways jaune et rouge, les autos, les vitrines.

Pour gagner le centre, il fallait traverser le pont des Arches, dont le fleuve au courant rapide heurtait bruyamment les piles.

Rue Hors-Château, Jef Lombard devait être attendu : les ouvriers, en bas, parmi leurs bacs d’acide, leurs clichés que les cyclistes de journaux venaient réclamer ; la maman, en haut, avec la brave vieille femme de belle-mère et la petite fille aux yeux encore clos, perdue dans les draps blancs du lit…

Et les deux aînés qu’on faisait taire, dans la salle à manger ornée de pendus…

Est-ce qu’une autre maman, à Reims, était en train de donner une leçon de violon à son fils, tandis que la servante astiquait toutes les barres de cuivre de l’escalier, prenait les poussières sur le pot de porcelaine qui contenait la grosse plante verte ?…

Le travail prenait fin, à Brême, dans le building. La dactylo et les deux employés quittaient le bureau moderne, et l’électricité, en s’éteignant, noyait d’ombre les lettres de faïence : Joseph Van Damme, commission, exportation.

Peut-être, dans les brasseries où l’on jouait de la musique viennoise, quelque homme d’affaires au crâne rasé remarquait-il :

— Tiens ! le Français n’est pas ici…

Rue Picpus, Mme Jeunet vendait une brosse à dents, ou cent grammes de camomille dont les fleurs pâles crissaient dans un sachet.

Le gosse faisait ses devoirs, dans l’arrière-boutique…

Les quatre hommes marchaient au pas. La brise s’était levée, balayant devant une lune brillante des nuages qui ne la découvraient que de loin en loin, l’espace de quelques secondes.

Devinaient-ils où ils allaient ?

On passa devant un café éclairé. Un ivrogne en sortait titubant.

— On m’attend à Paris ! prononça soudain Maigret en s’arrêtant.

Et, tandis qu’ils étaient trois à le regarder, sans savoir s’ils devaient se réjouir ou désespérer, sans oser parler, il enfonça les deux mains dans ses poches.

— Il y a cinq gosses dans l’histoire…

Ils ne furent même pas sûrs d’avoir bien entendu, car le commissaire avait grommelé ces mots pour lui-même, entre ses dents. Et l’on ne voyait plus que son dos large, son pardessus noir à col de velours qui s’éloignait.

— Un rue Picpus, trois rue Hors-Château, un à Reims…

Rue Lepic, où il se rendit en sortant de la gare, la concierge lui déclara :

— Ce n’est pas la peine de monter ! M. Janin n’est pas chez lui… On avait cru que c’était une bronchite… Mais la pneumonie s’est déclarée et on l’a emmené à l’hôpital…

Alors il se fit conduire quai des Orfèvres. Le brigadier Lucas était là, occupé à téléphoner à un tenancier de bar qui n’était pas en règle.

— Tu as lu ma lettre, vieux ?…

— C’est fait ?… Vous avez réussi ?…

— Rien du tout !

C’était un des mots favoris de Maigret.

— Ils ont fui ?… Vous savez, j’ai été rudement inquiet à cause de cette lettre… J’ai failli filer à Liège… Qu’est-ce que c’est ?… Des anarchistes ?… Des faux-monnayeurs ?… Une bande internationale ?…

— Des gamins !… laissa-t-il tomber.

Et il lança dans son placard la valise qui contenait ce qu’un expert allemand avait appelé, en de longs et minutieux rapports, le complet B.

— Viens boire un demi, Lucas…

— Vous n’avez pas l’air gai…

— Une idée, vieux !… Il n’y a rien de plus rigolo que la vie !… Tu arrives ?…

Quelques instants plus tard, ils poussaient la porte tournante de la Brasserie Dauphine.

Lucas fut rarement aussi effaré. En fait de demis, son compagnon avala presque coup sur coup six imitations d’absinthe. Ce qui ne l’empêcha pas de déclarer d’une voix presque ferme, avec seulement, dans le regard, quelque chose de flou qui ne lui était pas habituel :

— Vois-tu, vieux, dix affaires comme celle-ci et je donne ma démission… Parce que ce serait la preuve qu’il y a là-haut un grand bonhomme de Bon Dieu qui se charge de faire la police…

Il est vrai qu’il ajouta en appelant le garçon :

— Mais ne t’en fais pas !… Il n’y en aura pas dix… Que raconte-t-on, dans la maison ?…

Morsang, à bord de l’« Ostrogoth », été 1930.

Назад 1 ... 11 12 13 14 15 Вперед
Перейти на страницу:

Simenon читать все книги автора по порядку

Simenon - все книги автора в одном месте читать по порядку полные версии на сайте онлайн библиотеки kniga-online.club.


Le pendu de Saint-Pholien отзывы

Отзывы читателей о книге Le pendu de Saint-Pholien, автор: Simenon. Читайте комментарии и мнения людей о произведении.


Уважаемые читатели и просто посетители нашей библиотеки! Просим Вас придерживаться определенных правил при комментировании литературных произведений.

  • 1. Просьба отказаться от дискриминационных высказываний. Мы защищаем право наших читателей свободно выражать свою точку зрения. Вместе с тем мы не терпим агрессии. На сайте запрещено оставлять комментарий, который содержит унизительные высказывания или призывы к насилию по отношению к отдельным лицам или группам людей на основании их расы, этнического происхождения, вероисповедания, недееспособности, пола, возраста, статуса ветерана, касты или сексуальной ориентации.
  • 2. Просьба отказаться от оскорблений, угроз и запугиваний.
  • 3. Просьба отказаться от нецензурной лексики.
  • 4. Просьба вести себя максимально корректно как по отношению к авторам, так и по отношению к другим читателям и их комментариям.

Надеемся на Ваше понимание и благоразумие. С уважением, администратор kniga-online.


Прокомментировать
Подтвердите что вы не робот:*
Подтвердите что вы не робот:*