Kniga-Online.club

Simenon, Georges - La danseuse du Gai-Moulin

Читать бесплатно Simenon, Georges - La danseuse du Gai-Moulin. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. Так же читаем полные версии (весь текст) онлайн без регистрации и SMS на сайте kniga-online.club или прочесть краткое содержание, предисловие (аннотацию), описание и ознакомиться с отзывами (комментариями) о произведении.
Перейти на страницу:

— Eh bien ?

— Delfosse s’est assis à la table de la danseuse…

— Ensuite ?

— Ils sont allés ensemble au lavabo, puis il est sorti, tandis qu’elle reprenait sa place…

— Adèle avait son sac dans les mains ?

— Oui !… Un petit sac en velours noir…

— Allons !… dit Maigret.

Et il marcha à une allure telle que ses compagnons eurent peine à le suivre.

— Qu’est-ce que je fais ? questionna le beau-frère.

Et le commissaire entraînait M. Delvigne.

— Vous retournez là-bas, naturellement !

Rue du Pont-d’Avroy, ils ne purent apercevoir le jeune homme, qui avait cent mètres d’avance sur eux, car la foule était dense. Mais, quand ils arrivèrent au coin de la rue de la Régence, ils devinèrent une silhouette qui courait presque au ras des maisons.

— Tiens ! Tiens !… s’oublia à grommeler à nouveau M. Delvigne.

— Il va chez elle, oui ! précisa Maigret. Il est allé lui demander sa clé…

— Ce qui signifie ?…

Delfosse entrait dans la maison, refermait la porte du corridor, devait s’engager dans l’escalier.

— Qu’est-ce que nous faisons ?

— Un instant… Où est votre agent ?…

Il s’approchait précisément, en se demandant s’il devait parler à son chef ou s’il devait feindre de ne pas le reconnaître.

— Arrive, Girard ! Eh bien ?…

— Il y a cinq minutes, quelqu’un est entré dans la maison. J’ai aperçu des lueurs dans la chambre, comme si l’on se promenait avec une lampe électrique de poche…

— Allons-y ! dit Maigret.

— Nous entrons ?

— Parbleu !

Pour ouvrir la porte d’entrée, commune à tous les locataires, il suffisait de tourner un bouton, car les maisons belges n’ont pas de concierge.

L’escalier n’était pas éclairé. Aucune lumière ne filtrait de la chambre d’Adèle.

Par contre, dès que Maigret toucha la porte, qui s’entrouvrit, il distingua une rumeur confuse, comme si deux hommes étaient en train de se battre sur le plancher.

M. Delvigne avait déjà tiré son revolver de sa poche. Maigret tâta machinalement le mur, à sa gauche, trouva un commutateur électrique, qu’il tourna.

Alors, dans la lumière, on vit un spectacle à la fois comique et tragique.

Deux hommes étaient bien occupés à se battre. Mais la lumière les surprenait en même temps que le bruit et ils s’immobilisaient, encore enlacés. On voyait une main sur une gorge. Des cheveux gris étaient en désordre.

— Qu’on ne bouge pas ! commanda M. Delvigne. Haut les mains !

Il referma la porte derrière lui, sans lâcher son revolver. Et Maigret, avec un soupir de soulagement, retira son cache-nez, ouvrit son manteau, avala une grande gorgée d’air, en homme qui a eu chaud.

— Plus vite que ça !… Haut les mains !…

René Delfosse tomba, parce qu’il voulait se lever et que sa jambe droite était prise sous celle de Victor.

Le regard de M. Delvigne sembla demander conseil. Delfosse et le garçon de café, maintenant, étaient debout, pâles, déconfits, les vêtements en désordre.

Des deux, c’était le jeune homme le plus ému, le plus défait, et il ne semblait rien comprendre à ce qui lui arrivait. Mieux, il regardait Victor avec stupeur, comme s’il ne se fût pas attendu du tout à le trouver là.

Avec qui croyait-il donc se battre ?

— Bougeons plus, les enfants ! dit Maigret qui ouvrait enfin la bouche. La porte est bien fermée, commissaire ?

Il s’approcha de celui-ci, lui dit quelques mots à voix basse. Et M. Delvigne, par la fenêtre, fit signe à l’inspecteur Girard de monter, le rejoignit sur le palier.

— Autant d’hommes que tu en pourras trouver autour du Gai-Moulin. Que personne n’en sorte ! Par contre, laisse entrer tout qui voudra…

Et il revint dans la chambre où, sur le lit, une courtepointe blanche évoquait de la crème fouettée.

Victor ne bronchait toujours pas. Il avait une vraie tête de garçon de café comme les caricaturistes aiment les représenter : des cheveux rares ramenés d’habitude sur une calvitie, mais présentement ébouriffés, des traits flasques, de gros yeux chassieux.

Il tenait les épaules de travers, comme pour donner moins de prise, et il eût été difficile de déterminer ce que guettait son regard oblique.

— Ce n’est pas votre première arrestation, hein ! lui lança Maigret avec assurance.

Il en était sûr. Cela se reconnaissait du premier coup d’œil. On sentait l’homme qui s’attend depuis longtemps à se trouver face à face avec la police et qui a l’habitude de ces sortes de rencontres.

— Je ne comprends pas ce que vous voulez dire. Adèle m’a demandé de venir lui chercher quelque chose…

— Son bâton de rouge, sans doute ?

— … J’ai entendu du bruit… Quelqu’un est entré…

— Et vous avez sauté dessus ! Autrement dit, vous cherchiez le bâton de rouge dans l’obscurité. Attention ! Les mains en l’air, s’il vous plaît…

C’étaient des bras mous que les deux hommes levaient vers le plafond. Les mains de Delfosse tremblaient. Il essayait d’essuyer son visage de sa manche, sans oser abaisser un bras.

— Et vous, qu’est-ce qu’Adèle vous a chargé de venir chercher ?

Les dents du jeune homme claquèrent, mais il ne put rien répondre.

— Vous les tenez à l’œil, Delvigne ?

Et Maigret fit le tour de la pièce, où il y avait, sur la table de nuit, les restes d’une côtelette, des miettes de pain et une bouteille de bière entamée. Il se pencha pour regarder sous le lit, haussa les épaules, ouvrit un placard qui ne contenait que des robes, du linge et de vieilles chaussures aux talons tournés.

Alors, il remarqua une chaise placée près de la garde-robe, monta dessus, passa la main sur le dessus du meuble et en retira une serviette de cuir noir.

— Et voilà ! dit-il en redescendant. C’est le bâton de rouge, Victor ?

— Je ne sais pas ce que vous voulez dire !

— Enfin, c’est bien l’objet que vous veniez chercher ?

— Je n’ai jamais vu cette serviette.

— Tant pis pour vous ! Et vous, Delfosse ?

— Je… je jure…

Il oublia le revolver braqué sur lui, se jeta sur le lit, tête première, et éclata en sanglots convulsifs.

— Alors, mon petit Victor, on ne veut rien dire ? Même pas pourquoi l’on était en train de se colleter avec ce jeune homme ?

Et Maigret posait par terre l’assiette sale, le verre et la bouteille qui se trouvaient sur la table de nuit, mettait la serviette à leur place, l’ouvrait.

— Des papiers qui ne nous regardent pas, Delvigne ! Il faudra remettre tout ça au 2e Bureau… Tenez ! Voici les bleus d’un nouveau fusil-mitrailleur fabriqué à la FN de Herstal… Quant à ceci, cela ressemble aux plans de réaménagement d’un fort… Hum !… Des lettres en langage chiffré, qu’il faudra faire étudier par des spécialistes…

Dans l’âtre, sur une grille, grésillaient les restes d’un feu de boulets. Soudain, au moment où l’on s’y attendait le moins, Victor se précipita vers la table de nuit, saisit les papiers.

Maigret devait avoir prévu son geste car, alors que le commissaire Delvigne hésitait à tirer, il lança son poing en plein visage du garçon, qui chancela, sans avoir le temps de jeter les documents dans le feu.

Les feuillets s’éparpillèrent. Victor, de ses deux mains, tenait sa joue gauche qui avait rougi brusquement.

Ce fut rapide. Et pourtant Delfosse faillit en profiter pour s’enfuir. En un clin d’œil, il eut quitté le lit et il allait passer derrière M. Delvigne quand celui-ci s’en aperçut, l’arrêta de sa jambe déployée.

— Et maintenant ?… questionna Maigret.

— Je ne dirai quand même rien ! gronda un Victor rageur.

— Je t’ai demandé quelque chose ?

— Je n’ai pas tué Graphopoulos…

— Et après ?

— Vous êtes une brute ! Mon avocat…

— Tiens ! Tiens ! tu as déjà un avocat ?…

Le commissaire Delvigne, lui, observait le gamin et, suivant la direction de son regard, en arriva au-dessus de la garde-robe.

— Je crois qu’il y a encore quelque chose ! dit-il.

— C’est probable ! répliqua Maigret en montant à nouveau sur la chaise.

Sa main dut tâtonner longtemps. Enfin, elle ramena un portefeuille en cuir bleu qu’il ouvrit.

— Le portefeuille de Graphopoulos ! annonça-t-il. Trente billets de mille francs français !… Des papiers !… Tiens ! Une adresse, sur un bout de papier : Gai-Moulin, rue du Pot-d’Or… Et, d’une autre écriture : Personne ne couche dans l’immeuble…

Maigret ne s’occupait plus de personne. Il suivait son idée, examinait une lettre en langage chiffré, comptait certains signes.

— Un… deux… trois… onze… douze !… Un mot de douze lettres… C’est-à-dire : Graphopoulos. C’est dans la serviette…

Des pas dans l’escalier. Des coups nerveux frappés à la porte. Le visage animé de l’inspecteur Girard.

— Le Gai-Moulin est cerné. Personne ne sortira. Mais…

» C’est M. Delfosse, qui y est arrivé il y a quelques instants et qui a réclamé son fils… Il a pris Adèle à part… Oui, il est sorti… J’ai cru bien faire en le laissant passer et en le suivant… Quand j’ai vu qu’il venait ici, j’ai pris de l’avance… Tenez !… Le voilà dans l’escalier…

Et, en effet, quelqu’un trébuchait, marchait sur le palier en tâtant les portes, frappait enfin.

Maigret ouvrit lui-même, s’inclina devant l’homme aux moustaches grises, qui lui lança un regard hautain.

— Est-ce que mon fils…

Il l’aperçut, en piteuse posture, fit claquer ses doigts, articula :

— Allons ! À la maison !…

Cela faillit dégénérer. René regardait tout le monde avec épouvante, se raccrochait à la courtepointe, claquait des dents de plus belle.

— Un instant ! intervint Maigret. Voulez-vous vous asseoir monsieur Delfosse ?

Celui-ci examina les lieux avec un certain dégoût.

— Vous avez à me parler ? Qui êtes-vous ?…

— Peu importe ! Le commissaire Delvigne vous le dira en temps voulu. Quand votre fils est rentré chez vous, vous lui avez fait une scène ?

— Je l’ai enfermé dans sa chambre en lui disant d’attendre ma décision.

— Et quelle était cette décision ?

— Je ne sais pas encore. Sans doute l’envoyer à l’étranger faire un stage dans une banque ou dans une maison de commerce. Il est temps qu’il apprenne à vivre.

— Non, monsieur Delfosse…

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux dire simplement qu’il est trop tard. Votre fils dans la nuit de mercredi à jeudi, a tué M. Graphopoulos pour le voler…

Maigret arrêta de la main la canne à pomme d’or qui allait s’abattre sur lui. Et, d’une poigne rude, il la tourna de telle sorte que son propriétaire dut la lâcher avec un soupir de douleur. Alors il l’examina tranquillement, la soupesa, laissa tomber :

— Et je suis presque sûr que le crime a été commis avec cette canne !

La bouche ouverte par un spasme, René essayait de hurler et n’émettait pourtant aucun son. Il n’était plus qu’un tas de nerfs, qu’un être pitoyable étranglé par la peur.

— J’espère que vous allez vous expliquer ! lui lança néanmoins M. Delfosse. Et vous, mon cher commissaire, je vous prie de croire que je transmettrai à mon ami le procureur…

Maigret se tourna vers l’inspecteur Girard :

— Allez me chercher Adèle… Prenez une voiture… Amenez aussi Genaro…

— Je crois que… commença M. Delvigne en s’approchant de Maigret.

— Oui ! Oui ! fit celui-ci comme on calme un enfant.

Et il marcha. Il marcha sans fin pendant les sept minutes qui furent nécessaires à l’accomplissement de son ordre.

Un ronronnement de moteur. Des pas dans l’escalier. La voix de Genaro qui protestait :

— Vous vous arrangerez avec mon consul… C’est inouï !… Un commerçant patenté qui… Alors qu’il y a cinquante clients chez moi !…

Quand il entra, son regard alla chercher Victor et sembla l’interroger.

Victor fut magnifique.

— Nous sommes frits ! dit-il simplement.

La danseuse, elle, à demi nue sous sa robe qui soulignait ses formes, contemplait son logis et baissait les épaules avec fatalisme.

— Répondez simplement à ma question. Est-ce qu’au cours de la soirée Graphopoulos vous a demandé de le rejoindre dans sa chambre ?…

— Je n’y suis pas allée !

— Donc, il vous l’a demandé ! Donc, il vous a dit qu’il couchait à l’Hôtel Moderne, chambre 18…

Elle baissa la tête.

— Chabot et Delfosse, installés à une table proche, ont pu entendre. À quelle heure Delfosse est-il arrivé ici ?

— Je dormais ! Peut-être cinq heures du matin…

— Qu’est-ce qu’il a dit ?

— Il m’a proposé de m’en aller avec lui… Il voulait prendre le bateau pour l’Amérique… Il m’a dit qu’il était riche…

— Vous avez refusé ?…

— J’étais endormie… Je lui ai dit de se coucher… Mais ce n’est pas ce qu’il voulait… Alors je lui ai demandé, tant il était nerveux, s’il avait fait un mauvais coup…

— Qu’est-ce qu’il a répondu ?…

— Il m’a supplié de cacher un portefeuille dans ma chambre !

— Et vous lui avez désigné l’armoire, où il y avait déjà une serviette…

Elle haussa à nouveau les épaules, soupira :

— Tant pis pour eux…

— C’est bien cela ?

Pas de réponse. M. Delfosse écrasait les assistants d’un regard de défi.

— Je serais curieux de savoir… commença-t-il.

— Vous allez savoir tout de suite, monsieur Delfosse. Je ne vous demande plus qu’un instant de patience…

C’était pour bourrer une pipe !

XI

Le débutant

— Parlons d’abord de Paris ! Graphopoulos qui vient demander la protection de la police et qui, le lendemain, essaie de semer l’inspecteur qu’on a attaché à sa personne. Vous vous souvenez de ce que je vous ai dit, Delvigne ?

« Ces histoires de maffia et d’espionnage… Eh bien ! il s’agit d’une affaire d’espionnage. Graphopoulos est riche, désœuvré. L’aventure le tente, comme elle tente tant de gens de son espèce.

« Au cours de ses voyages, il rencontre un agent secret quelconque et il lui fait part de son désir de mener, lui aussi, une existence d’imprévu et de mystère…

« Agent secret ! Deux mots qui font rêver tant d’imbéciles !

« Ils se figurent que le métier consiste… Mais peu importe ! Graphopoulos tient à son idée. L’agent à qui il s’adresse n’a pas le droit de repousser une offre qui peut être intéressante…

« Ce que le public ignore, c’est qu’il y a auparavant des épreuves à subir… L’homme est intelligent, fortuné ; il voyage… Avant tout, il faut savoir s’il possède du sang-froid et de la discrétion…

Перейти на страницу:

Simenon читать все книги автора по порядку

Simenon - все книги автора в одном месте читать по порядку полные версии на сайте онлайн библиотеки kniga-online.club.


La danseuse du Gai-Moulin отзывы

Отзывы читателей о книге La danseuse du Gai-Moulin, автор: Simenon. Читайте комментарии и мнения людей о произведении.


Уважаемые читатели и просто посетители нашей библиотеки! Просим Вас придерживаться определенных правил при комментировании литературных произведений.

  • 1. Просьба отказаться от дискриминационных высказываний. Мы защищаем право наших читателей свободно выражать свою точку зрения. Вместе с тем мы не терпим агрессии. На сайте запрещено оставлять комментарий, который содержит унизительные высказывания или призывы к насилию по отношению к отдельным лицам или группам людей на основании их расы, этнического происхождения, вероисповедания, недееспособности, пола, возраста, статуса ветерана, касты или сексуальной ориентации.
  • 2. Просьба отказаться от оскорблений, угроз и запугиваний.
  • 3. Просьба отказаться от нецензурной лексики.
  • 4. Просьба вести себя максимально корректно как по отношению к авторам, так и по отношению к другим читателям и их комментариям.

Надеемся на Ваше понимание и благоразумие. С уважением, администратор kniga-online.


Прокомментировать
Подтвердите что вы не робот:*
Подтвердите что вы не робот:*