Kniga-Online.club

Simenon, Georges - Le fou de Bergerac

Читать бесплатно Simenon, Georges - Le fou de Bergerac. Жанр: Полицейский детектив издательство неизвестно, год 2004. Так же читаем полные версии (весь текст) онлайн без регистрации и SMS на сайте kniga-online.club или прочесть краткое содержание, предисловие (аннотацию), описание и ознакомиться с отзывами (комментариями) о произведении.
Перейти на страницу:

On distingua bientôt son visage. Il était pâle. Les cheveux étaient en désordre. Le manteau n’était pas boutonné.

— Voilà Germaine… remarqua enfin Mme Beausoleil. On a dû lui dire que je suis ici…

Mme Maigret, machinalement, alla ouvrir la porte. Et quand on vit Mme Rivaud de tout près, on comprit qu’elle vivait vraiment une heure tragique.

Pourtant elle faisait un effort pour être calme, pour sourire. Mais il y avait de l’égarement dans son regard. Ses traits avaient des frémissements soudains qu’elle ne pouvait pas réprimer.

— Excusez-moi, monsieur le commissaire… On m’a dit que ma mère et ma sœur étaient ici et…

— Qui vous a dit cela ?

— Qui ?… répéta-t-elle en tremblant.

Quelle différence entre elle et Françoise ! Mme Rivaud était la sacrifiée, la femme qui avait gardé ses allures plébéiennes et qu’on devait traiter sans le moindre égard. Sa mère elle-même la regardait avec une certaine sévérité.

— Comment, tu ne sais pas qui ?

— C’était sur la route…

— Tu n’as pas vu ton mari ?

— Oh non !… Non !… Je jure que non…

Et Maigret, inquiet, regardait tour à tour les trois femmes, puis regardait la grand-place où Leduc n’arrivait pas encore. Qu’est-ce que cela signifiait ? Le commissaire avait voulu s’assurer que le chirurgien resterait à sa disposition. Il avait chargé Leduc de le surveiller et, de préférence, de l’accompagner jusqu’à l’hôtel.

Il ne faisait pas attention à sa femme. Il regardait les souliers poussiéreux de Mme Rivaud, qui avait dû courir sur la route, puis le visage tiré de Françoise.

Soudain, Mme Maigret se pencha sur lui, murmura :

— Donne-moi ta pipe…

Il allait protester. Mais non ! Il s’apercevait qu’elle laissait tomber sur les draps un petit papier. Et il lut :

Mme Rivaud vient de passer un billet à sa sœur, qui le tient dans le creux de sa main.

Le soleil, dehors. Tous les bruits de la ville dont Maigret connaissait l’orchestration par cœur. Mme Beausoleil qui attendait, bien droite sur sa chaise, en femme qui sait se tenir. Mme Rivaud, au contraire, incapable d’adopter une contenance et faisant penser à une écolière sournoise qu’on vient de prendre en faute.

— Mademoiselle Françoise… commença Maigret.

Elle tressaillit des pieds à la tête. L’espace d’une seconde, son regard croisa celui de Maigret. Le regard dur, intelligent, de quelqu’un qui ne perd pas la tête.

— Voudriez-vous vous approcher un instant et…

Brave Mme Maigret ! Devinait-elle ce qui allait se passer ? Elle esquissait un mouvement tournant pour atteindre la porte. Mais Françoise avait déjà bondi. Elle courait dans le corridor, s’élançait dans les escaliers.

— Qu’est-ce qu’elle fait ? s’effarait Joséphine Beausoleil.

Maigret ne bougeait pas, ne pouvait pas bouger. Il ne pouvait pas non plus envoyer sa femme à la poursuite de la fugitive.

— Quand votre mari vous a-t-il remis le billet ? se contenta-t-il de demander à Mme Rivaud.

— Quel billet ?

À quoi bon commencer un interrogatoire pénible ? Maigret appela sa femme.

— Va donc à une fenêtre donnant sur le derrière de l’hôtel…

Ce fut le moment que le procureur choisit pour faire son entrée. Il était guindé. Parce qu’il avait peur, sans doute, il donnait à son visage une expression sévère, presque menaçante.

— On me téléphone pour me dire…

— Asseyez-vous, monsieur Duhourceau.

— Mais… la personne qui m’a téléphoné…

— Françoise vient de s’échapper. Il est possible qu’on mette la main sur elle. Mais le contraire est possible aussi ! Je vous en prie, asseyez-vous. Vous connaissez Mme Beausoleil, n’est-ce pas ?…

— Moi ?… Mais pas du tout !…

Et il essayait de suivre le regard de Maigret. Car on sentait que le commissaire parlait pour parler, en pensant à autre chose, ou plutôt en ayant l’air de suivre un spectacle qui n’existait que pour lui seul. Il regardait la place, tendait l’oreille, fixait Mme Rivaud.

Soudain, il y eut un violent remue-ménage dans l’hôtel même. Des gens se mirent à courir dans les escaliers. Des portes claquèrent. On crut même reconnaître un coup de feu.

— Qu’est-ce… qu’est-ce ?…

Des cris. De la vaisselle cassée. Puis des bruits de poursuite encore, à l’étage supérieur, et une vitre volant en éclats, les débris tombant sur le trottoir.

Mme Maigret rentrait précipitamment dans la chambre, en refermait la porte à clé.

— Je crois que Leduc les a… haleta-t-elle.

— Leduc ? prononça soupçonneusement le procureur.

— La voiture du docteur était dans la petite rue de derrière. Le docteur était là, à attendre quelqu’un. Au moment où Françoise arrivait à la porte et allait prendre place dans l’auto, la vieille Ford de Leduc est arrivée. J’ai failli lui crier de se hâter. Je le voyais qui restait sur son siège… Mais il avait son idée et, tranquillement, il a crevé un pneu d’une balle de revolver…

« Les deux autres ne savaient plus où aller… Le docteur regardait en tous sens comme une girouette… Quand il a vu Leduc descendre de son siège, le revolver toujours à la main, il a poussé la jeune fille dans l’hôtel et il a couru avec elle…

« Leduc les poursuit dans les couloirs… Ils sont là-haut…

— Je continue à ne pas comprendre ! articula le procureur, livide.

— Ce qui a précédé ? C’est facile ! Grâce à une petite annonce, je fais venir ici Mme Beausoleil. Le docteur, qui ne désire pas cette rencontre, envoie Françoise à la gare afin qu’elle empêche sa mère de venir…

« J’avais prévu ça… J’avais posté Leduc sur le quai et, au lieu de m’en amener une, il me les amène toutes les deux…

« Vous allez voir combien tout s’enchaîne… Françoise, qui sent que les choses se gâtent, téléphone à son beau-frère pour lui demander de venir…

« Moi, j’envoie Leduc surveiller Rivaud… Leduc arrive trop tard à l’hôpital… Le docteur est déjà parti… Il est chez lui… Il rédige un billet pour Françoise et il force sa femme à venir ici le lui remettre discrètement…

« Comprenez-vous ?… Lui, avec sa voiture, est dans la petite rue, derrière l’hôtel… Il attend Françoise pour partir avec elle…

« Une demi-minute de plus et le coup réussissait… Seulement, Leduc, avec sa Ford, arrive à son tour, se doute que ce qui se passe n’est pas très catholique, crève le pneu et…

Pendant qu’il parlait, le vacarme qui régnait dans l’hôtel s’intensifiait l’espace de quelques secondes. C’était là-haut. Mais quoi ?

Et puis soudain un silence de mort ! Au point que tout le monde, impressionné, resta immobile.

La voix de Leduc donnait des ordres, à l’étage supérieur. Mais on ne comprenait pas ce qu’il disait.

Un heurt sourd… Un second… Un troisième… Enfin le fracas d’une porte défoncée…

On attendait de nouveaux bruits et cette attente était douloureuse. Pourquoi ne bougeaient-ils plus, là-haut ? Pourquoi ces pas lents, tranquilles, d’un seul homme sur le plancher ?

Mme Rivaud écarquillait les yeux. Le procureur tiraillait sa moustache. Joséphine Beausoleil était sur le point d’éclater en sanglots d’énervement.

— Ils doivent être morts ! prononça lentement Maigret en regardant le plafond.

— Comment ?… Qu’est-ce que vous dites ?…

Mme Rivaud s’animait, se précipitait vers le commissaire, le visage décomposé, les yeux fous.

— Ce n’est pas vrai !… Dites que ce n’est pas vrai…

Des pas encore… La porte s’ouvrait… Leduc entrait, une mèche de cheveux sur le front, le veston à moitié arraché, la mine lugubre.

— Morts ?

— Tous les deux !

Il arrêta, de ses bras tendus, Mme Rivaud qui voulait franchir la porte.

— Pas maintenant…

— Ce n’est pas vrai ! Je sais bien que ce n’est pas vrai ! Je veux le voir…

Elle était à bout de souffle.

Sa mère, elle, ne savait plus quelle contenance prendre.

Et M. Duhourceau regardait fixement le tapis.

À croire qu’il était le plus ahuri, le plus bouleversé par cette nouvelle.

— Comment, tous les deux ?… finit-il par balbutier en se tournant vers Leduc.

— Je les poursuivais dans l’escalier et dans les couloirs. Ils ont pu entrer dans une chambre ouverte et refermer la porte avant mon arrivée… Je ne suis pas de force à défoncer un pareil panneau… J’ai envoyé chercher le patron, qui est fort… Je pouvais les voir par la serrure…

Germaine Rivaud le regardait comme une démente. Quant à Leduc, il cherchait les yeux de Maigret pour savoir s’il devait continuer à parler.

Pourquoi pas ? Ne fallait-il pas aller jusqu’au bout ? Jusqu’au bout du drame, de la vérité !

— Ils s’étreignaient… Elle surtout, toute nerveuse dans les bras de l’homme… J’entendais qu’elle disait :

« — Je ne veux pas… Pas ça !… Non !… Plutôt…

« Et c’est elle qui lui a pris son revolver dans la poche. Elle le lui a mis dans la main… J’entendais :

« — Tire… Tire en m’embrassant…

« Je n’ai plus rien vu, parce que le patron arrivait et que…

Il s’épongea. On pouvait voir, malgré le pantalon, que ses genoux tremblaient.

— Pas plus de vingt secondes trop tard. Rivaud était déjà mort quand je me suis penché sur lui… Françoise avait les yeux ouverts… J’ai d’abord cru que c’était fini… Mais, au moment où je m’y attendais le moins…

— Eh bien ? sanglota presque le procureur.

— Elle m’a souri… J’ai fait mettre le panneau en travers du passage… On ne touchera à rien… On a téléphoné à l’hôpital…

Joséphine Beausoleil ne devait pas avoir bien compris. Elle fixait Leduc avec hébétude. Puis elle se tourna vers Maigret et dit d’une voix de rêve :

— Ce n’est pas possible, n’est-ce pas ?

L’action était partout à la fois autour de Maigret immobile sur son lit. La porte s’ouvrait. L’hôtelier montrait un visage congestionné. Et, tandis qu’il parlait, il envoyait devant lui une haleine chargée d’alcool. Pour se remettre, il avait dû aller vider un grand verre à son comptoir. L’épaule de sa veste blanche était sale, déchirée.

— C’est le docteur… Est-ce que… ?

— J’y vais ! dit Leduc, à regret.

— Vous êtes ici, monsieur le procureur ?… Vous êtes au courant ?… Si vous voyiez ça !… C’est à vous tirer toutes les larmes du corps… Et ils sont beaux, tous les deux !… On dirait…

— Laissez-nous ! cria Maigret.

— Est-ce que je dois fermer la porte de l’hôtel ?… Les gens commencent à s’amasser sur la place… Le commissaire n’est pas à son bureau… Des agents arrivent, mais…

Quand Maigret chercha des yeux Germaine Rivaud, il la trouva étendue de tout son long, sur le lit de Mme Maigret, la tête dans l’oreiller. Elle ne pleurait pas. Elle ne sanglotait pas. Elle poussait de longs gémissements, lugubres comme la plainte d’une bête blessée.

Mme Beausoleil, elle, s’essuyait les yeux, se levait et demandait avec beaucoup d’énergie :

— Est-ce que je peux aller les voir ?

— Tout à l’heure… Quand le médecin aura terminé…

Mme Maigret tournait autour de Germaine Rivaud sans rien trouver à faire pour la soulager. Et le procureur soupirait :

— Je vous le disais bien…

Les bruits de la rue montaient jusqu’à la chambre. Deux agents qui arrivaient à vélo forçaient les curieux à s’écarter. Certains protestaient.

Maigret bourrait une pipe, en regardant dehors, en regardant exactement – sans s’en apercevoir d’ailleurs – la petite épicerie d’en face, dont il avait fini par connaître tous les clients.

— Vous avez laissé l’enfant à Bordeaux, madame Beausoleil.

Elle se tourna vers le procureur pour lui demander conseil.

— Je… oui…

— Il doit avoir trois ans, maintenant ?

— Deux…

— C’est un garçon ?

— Une petite fille… Mais…

— La fille de Françoise, n’est-ce pas ?

Et le procureur, se levant d’un air décidé :

— Commissaire, je vous demande de…

— Vous avez raison… Tout à l’heure… Ou plutôt, à ma première sortie, je me permettrai de vous rendre visite.

Il lui sembla que son interlocuteur en était soulagé.

— À ce moment-là, tout sera fini… Que dis-je ? Tout est fini dès maintenant, n’est-ce pas ?… Ne croyez-vous pas que votre place est là-haut, où il faudra bien faire une descente du Parquet ?

Le procureur, dans sa précipitation, oublia de prendre congé. Il fuyait comme un écolier dont on lève soudain la punition.

Et, la porte refermée, ce fut une autre intimité qui se créa.

Germaine gémissait toujours. Elle restait sourde aux appels de Mme Maigret qui lui posait des compresses d’eau froide sur le front. Mais la malade les repoussait d’un geste nerveux et l’eau détrempait peu à peu l’oreiller.

À côté de Maigret, une autre femme : Joséphine Beausoleil, qui se rassit en poussant un soupir.

— Qui m’aurait dit ça !

Une brave femme, au fond ! D’une moralité foncière ! Toute sa vie, elle la trouvait normale, naturelle ! Pouvait-on lui en vouloir ?

Des larmes fluides commençaient à gonfler ses paupières plissées de femme mûre, et bientôt elles roulaient sur les joues dont l’émail se diluait.

— C’était votre préférée…

Elle ne se gêna pas pour Germaine qui, il est vrai, ne devait pas écouter.

— C’est logique ! Elle était si belle, si fine ! Et tellement plus intelligente que l’autre ! Ce n’est pas la faute de Germaine ! Elle a toujours été malade. Alors, elle ne s’est pas très développée… Quand le docteur a voulu épouser Germaine, Françoise était trop jeune. À peine treize ans… Eh bien ! vous le croirez si vous voulez, je me suis doutée que cela ferait des histoires, plus tard… Et c’est ce qui est arrivé.

— Comment s’appelait Rivaud, à Alger ?

— Le docteur Meyer… Je suppose que ce n’est plus la peine de mentir… D’ailleurs, si vous avez fait tout ça, c’est que vous le saviez déjà…

— C’est lui qui a fait fuir son père de l’hôpital ?… Samuel Meyer…

— Oui… Et c’est même comme ça que les choses ont commencé avec Germaine… Il n’y avait que trois malades dans la salle des méningites… Ma fille, Samuel, comme on disait, et un autre… Alors, une nuit, le docteur s’est arrangé pour mettre le feu… Il a toujours juré que l’autre, celui qu’on a laissé dans les flammes et qui a passé ensuite pour Meyer, était déjà mort… Je veux bien le croire, parce que ce n’était pas un mauvais garçon… Il aurait pu ne plus s’occuper de son père, qui avait fait des bêtises…

Перейти на страницу:

Simenon читать все книги автора по порядку

Simenon - все книги автора в одном месте читать по порядку полные версии на сайте онлайн библиотеки kniga-online.club.


Le fou de Bergerac отзывы

Отзывы читателей о книге Le fou de Bergerac, автор: Simenon. Читайте комментарии и мнения людей о произведении.


Уважаемые читатели и просто посетители нашей библиотеки! Просим Вас придерживаться определенных правил при комментировании литературных произведений.

  • 1. Просьба отказаться от дискриминационных высказываний. Мы защищаем право наших читателей свободно выражать свою точку зрения. Вместе с тем мы не терпим агрессии. На сайте запрещено оставлять комментарий, который содержит унизительные высказывания или призывы к насилию по отношению к отдельным лицам или группам людей на основании их расы, этнического происхождения, вероисповедания, недееспособности, пола, возраста, статуса ветерана, касты или сексуальной ориентации.
  • 2. Просьба отказаться от оскорблений, угроз и запугиваний.
  • 3. Просьба отказаться от нецензурной лексики.
  • 4. Просьба вести себя максимально корректно как по отношению к авторам, так и по отношению к другим читателям и их комментариям.

Надеемся на Ваше понимание и благоразумие. С уважением, администратор kniga-online.


Прокомментировать
Подтвердите что вы не робот:*
Подтвердите что вы не робот:*